Dans son roman, adapté au cinéma par Koya Kamura, Élisa Shua Dusapin fait un parallèle entre les plages de Sokcho et celles de son enfance en Normandie. Une raison de plus pour découvrir Hiver à Sokcho, dans les salles de cinéma à partir de ce mercredi 8 janvier.
Le réalisateur Koya Kamura a invité Roschdy Zem à passer un Hiver à Sokcho. Pour les besoins du film, le comédien entre dans la peau de Yan Kerrand, un dessinateur normand qui s’est installé dans cette petite station balnéaire de Corée du Sud pour une durée indéterminée. Il a trouvé son bonheur dans une pension de famille où travaille Soo-Ha (Bella Kim), 23 ans.
L’arrivée du Français va beaucoup intriguer cette jeune femme réservée qui mène une vie routinière auprès de son petit-ami Jun-oh, ponctuée de visites régulières à sa mère, marchande de poissons. La présence et le charisme inconscient de Yan — là-bas, on l’appelle ironiquement Alain Delon — amène Soo-Ha à s’interroger sur sa propre identité d’autant que son père, qu’elle n’a pas connu, était français.
La bi-nationalité
Pour son premier long-métrage, Koya Kamura signe une délicate adaptation de Hiver à Sokcho, le roman de la franco-coréenne Elisa Shua Dusapin. On peut comprendre combien cette quête d’identité de Soo-ha l’a touché, le réalisateur ayant lui-même la double nationalité franco-japonaise. Et ce n’est sûrement pas un hasard si le choix des comédiens va dans ce sens, le Français, Roschdy Zem étant un fils d’immigrés marocains et Bella Kim, une Sud-Coréenne installée à Paris.
La bi-nationalité, au coeur de cet Hiver à Sokcho, amène Koya Kamura à filmer deux êtres qui s’observent discrètement dans leurs gestes du quotidien : ils s’intéressent l’un à l’autre tout en préservant une certaine distance, apprennent à se connaître, à apprécier les moments de partage. Mais même si Soo-Ha parle un français timide, sa culture lui impose une réserve qui ralentit l’évolution de leur relation. C’est dire la valeur du lien qu’ils tissent ensemble sous nos yeux.
Un très beau film, où la mélancolie se veut plus poétique que pesante.
- Hiver à Sokcho de Koya Kamura (Corée du Sud, 1h45) avec Roschdy Zem, Bella Kim, Mi-Hyeon Park