Les Nuits de l’Alligator seront moites et électrisantes

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Le 106 à Rouen présente la 19e édition du festival Les Nuits de l’Alligator les 24 et 28 janvier puis le 1er février. Trois soirées dédiées à la scène underground mondiale issue du rock, de la soul, du blues ou du folk. Un festival différent et grisant tourné vers la découverte.

Rouennais, Rouennaises, attention l’Alligator est de retour ! Il est toujours aussi mordant quand il t’attrape et ne te lâche plus, envoûtant lorsqu’il t’entraîne dans son repère moite et vaudou, audacieux par sa programmation annuelle insolite et pimentée. En 2025, le festival itinérant Les Nuits de l’Alligator change d’équipage mais regagne son sidewheelers pour traverser les fleuves de l’Hexagone. La Seine et le 106 à Rouen accueillent les prochaines escales, vendredi 24 et mardi 28 janvier, puis samedi 1er février pour clôturer la fête. Rien que ça ! Trois soirées placées bien sûr sous le signe du Mississippi et son légendaire Bayou louisiannais, mais aussi portées vers d’autres horizons, le tout validé par les fantômes et autres esprits du blues, de la soul et du rock’n’roll. 

C’est Quinn Deveaux qui se charge d’ouvrir le bal vendredi 24 janvier. Le songwriter a quitté son Nord natal il y a quelques années pour poser ses valises en Californie puis à Nashville – Tennessee, capitale de la country mais aussi l’un des centres névralgiques de la deepsoul où il a enregistré son dernier opus, Leisure. Ce troisième essai confirme Quinn comme le King du blue beat soul, style qui lui est propre, malaxé à partir de country old school, de blues urbain et de soul music.

Les dix titres de Leisure évoquent tour à tour Howlin’ Wolf, Tony Joe White, Clarence Carter, Bo Diddley et d’autres piliers de la musique américaine écoutés des heures durant dans la voiture du paternel. Le presque quinqua fait crier sa guitare et pleurer les âmes sensibles sur Give Love A Try. Le titre You Got Youl n’est pas sans rappeler les grandes heures de Huey Lewis dans les eighties. L’effet rétro fonctionne parfaitement et l’album propose un panel assez hétéroclite des capacités vocales et musicales de sieur Deveaux.

Pour chauffer la salle, l’Alligator compte sur Jon Muq, musicien ougandais venu invoquer les esprits américains du côté d’Austin. Un long voyage émancipateur et bénéfique pour ce jeune auteur, compositeur, interprète, doué mais encore peu connu. Est-ce que Le 106 nous referait pas là le coup de Jalen Ngonda repéré par les cadors de Daptone Records ? Toutefois Jon Muq ne joue pas dans le même registre soul mais préfère errer, çà et là, dans un panel de genres musicaux – folk, country, réminiscences africaines, etc. –, dominés par des ballades pop raffinées, douces et mélodiques à souhait.

Jon l’Africain, qui a dû chanter devant les services de l’immigration pour justifier sa maîtrise de l’anglais qu’il avait appris sur des disques, a convaincu tout le monde de son talent, y compris Dan Auerbach, moitié éminente de The Black Keys toujours dans les bons coups, de le signer sur son label Easy Eye Sound pour produire son premier album intitulé Flying Away

On garde le même décor quatre jours plus tard mais on change l’ambiance avec deux autres curiosités venues d’Australie et du Costa Rica. Exotisme et dépaysement assurés avec ces deux-là. Cette seconde soirée s’annonce plus agitée, plus électrique aussi avec le rock psychédélique de Las Robertas qui, comme son nom l’indique à peine, arrive d’Amérique centrale avec l’envie d’en découdre – affectueusement – avec le public français.

Titres à rallonge, tourneries survoltés, riffs explosifs… ces néo-baba cools ont bien digéré le Summer of love de 1967 et la vague punk de 1977. Dernier agitateur de la liste, le groupe The Belair Lip Bombs affiche un certain sens de la désinvolture dans l’attitude et dans les paroles. Le groupe originaire de la banlieue de Melbourne aime les sonorités dissonantes et saccadées, à chercher quelque part entre Television et The Strokes, à qui le journal The Gardian les compare. 

Cette nouvelle édition du festival Les Nuits de l’Alligator promet encore quelques moments forts et saignants mais comme dans toute bonne série, le suspense est essentiel pour maintenir l’envie d’aller plus loin. Rendez-vous le 1er février pour découvrir la suite et fin du programme de l’animal à grandes dents. 

Infos pratiques

  • Vendredi 24 janvier à 20 heures : Quinn Deveaux et Jon Muq. Tarifs : de 23 à 5 €
  • Mardi 28 janvier à 19h30 : Las Robertas et The Belair Lip Bombs. Tarifs : de 16,50 à 4 €
  • Samedi 1er février à 20 heures : Christine « Kingfish » Ingram et Dirty Deep. Tarifs : de 27,50 à 10 €
  • Concerts au 106 à Rouen
  • Réservation au 02 32 10 88 60 ou sur www.le106.com