Cinq ans après Tout ce qu’il me reste de la révolution, Judith Davis tourne Bonjour l’asile avec ses complices du collectif L’Avantage du doute. Et apparemment, ils ont hâte que le monde change. Le film sort dans les salles de cinéma mercredi 26 février.
«J’avais produit le premier film de Judith Davis, se souvient le producteur Patrick Sobelman lors de la présentation de Bonjour l’asile au festival de Sarlat, et c‘était déjà le travail d’un collectif, chacun venant avec ses idées, ses textes, l’œuvre devenant ainsi la mise en relation de toutes ces parties de textes. Tourné avec très peu de moyen, Tout ce qui reste de la révolution que personne ne voulait financer est devenu le cinquième film français le plus rentable de 2018. » De cette belle aventure est né Bonjour l’asile, deuxième film choral de Judith Davis avec ses complices du groupe théâtral L’Avantage du doute qu’elle a co-créé avec Mélanie Bestel, Simon Bakhouche, Maxence Tual, Nadir Legrand et Claire Dumas. Toute cette petite bande, régulièrement en tournée, s’est ainsi posée près d’un château qui, le temps d’un tournage, est devenu leur asile.
Qui dit film choral, dit nombreux personnages à commencer par Jeanne. Derrière et devant la caméra, Judith Davis incarne cette jeune femme moderne qui s’éloigne pour quelques jours du stress de la ville pour aller voir sa copine Elisa (Claire Dumas) récemment installée à la campagne avec mari (Maxence Tual) et enfants. Jeanne, citadine pure et dure, découvre avec stupeur que sa meilleure amie est en train de noyer son talent d’artiste dans une vie mère de famille.
La suite…
Pas très loin, notre attention est attirée par un monde fou, fou, fou… Des personnes au parcours souvent compliqué ont transformé un château abandonné en asile — ou HP selon les points de vue. Là foisonnent des initiatives collectives évidemment tournées vers l’écologie et le bio. Mais on croise aussi Amaury (Nadir Legrand), un promoteur immobilier fourbe, qui rêve de transformer le lieu en hôtellerie de luxe, et sa compagne Victoire (Mélanie Bestel), bobo bon chic, bon genre.
« Après Tout ce qui reste de la révolution, les gens me disaient, bon d’accord, mais alors maintenant qu’est-ce qu’on fait ? Et moi, je trouve la question fondamentale et assez déchirante car la position de l’artiste est alors compliquée, affirme Judith Davis. Est-ce que j’allais toujours prendre le sujet de biais, tendant un miroir, faisant le relais pour les autres ? Je me suis retrouvée avec une espèce de responsabilité et cette question : et toi, c’est quoi le monde dont tu rêves ? Comment fais-tu entre les zones industrielles et le fil Instagram où il y a des morts entre deux pubs de sacs à main… J’ai voulu rêver un lieu de tous les possibles, un lieu de tout ce qu’il faudrait transformer sur le plan du psychologique, du collectif, du partage, des rapports homme/femme, de l’identité… »
Au final, avec tous les sujets de société abordés avec humour, le spectateur pourra se demander si ce Bonjour l’asile n’est pas, sinon la suite de Tout ce qui reste de la révolution, mais en tous cas, une continuité listant toutes les révolutions qui restent à faire.
- Bonjour l’asile de Judith Davis (France, 1 h 47) avec Judith Davis, Claire Dumas, Maxence Tual…