Après Le Mohican de Frédéric Farrucci, voici Anna de Marco Amenta, un film dans les salles de cinéma dès mercredi 5 mars. Elle aussi refuse de céder sa terre à un groupe immobilier.
Les héros de Marco Amenta sont des héroïnes. Après La Sicilienne en 2007, jeune femme issue d’une famille mafieuse qui rompt la loi du silence, voici la Sarde, Anna, qui, comme Le Mohican corse de Frédéric Farrucci, n’entend pas céder sa terre à un promoteur immobilier. Ici, pas de mort, ni de fuite oppressante, Anna (magnifique Rose Aste) va se défendre par les voies judiciaires.
Marco Amenta est parti de deux histoires réelles. Celle d’un vieux fermier sarde qui a attaqué en justice un groupe immobilier qui tentait de s’emparer de ses terres. Celle aussi d’une éleveuse de chèvres, près de Rome, qui se démenait pour s’en sortir financièrement dans un environnement très machiste. Le mélange des deux a donné Anna, jeune femme qui gère tant bien que mal une petite ferme agricole dans une partie sauvage de la Sardaigne.
Si on a aimé l’ambiance réaliste et sobre de Mohican, on peut apprécier aussi l’aspect romanesque d’Anna dont l’héroïne est forcément belle et sauvage. Marco Amenta donne à son personnage un passé houleux et douloureux qui peut justifier la colère et l’indifférence aux autres qui semblent l’habiter.
Côté réalisme, le réalisateur filme le travail harassant de l’éleveuse auprès de son troupeau, ses gestes à la fois fermes et délicats pour traire ses chèvres, son attachement sincère à ses bêtes qu’elle ne veut pas vendre à un abattoir, même au plus profond de la crise. Il s’intéresse aussi à la pression subie par Anna de la part de tout le village qui voit dans le projet immobilier une source d’emplois dont la région a besoin.
Côté romance, Marco Amenta lui fait vivre une histoire d’amour plutôt attendue avec l’avocat (Marco Zucca) qui l’accompagne dans la bataille de sa vie. Une lutte sur le thème de la préservation des territoires, digne de celle de David et Goliath.
- Anna de Marco Amenta (Italie, 1h58) avec Rose Aste, Marco Zucca, Daniele Monachella