Le dramatique destin des exilés

Chatila (Mahmood Bakri) et Reda (Aram Sabbah) préparent un mauvais coup / Photo : Homemade Films

Présenté à la Quinzaine des Cinéastes à Cannes, Vers un pays inconnu, un film de Mahdi Fleifel dans les salles ce mercredi 12 mars, a obtenu l’Antigone d’Or au Cinemed de Montpellier et le Grand Prix du Jury au Festival Premiers Plans d’Angers.

Mahdi Fleifel a grandi dans un camp de réfugiés palestiniens au sud du Liban avant de vivre au Danemark où il a fait des études de cinéma. Il marque les esprits dès 2012 avec son documentaire A World Not Ours filmant de l’intérieur la vie dans le camp de réfugiés de ses parents. Mais lui, c’est la fiction qui l’attire. Après plusieurs courts, le voici qui se lance dans l’aventure du long-métrage avec Vers Un Pays inconnu présenté au festival de Cannes dans le cadre de la Quinzaine des cinéastes, avant d’être primé aux festivals de Montpellier et d’Angers. 

Le réalisateur palestino-danois imagine deux Palestiniens exilés à Athènes qui galèrent pour rejoindre leur El Dorado. Comme souvent, c’est le financement qui pose problème : il faut de quoi payer le passeport et le passeur… Chatila (Mahmood Bakri) et Reda (Aram Sabbah) multiplient les combines, chapardent à droite et à gauche pour rassembler la somme importante qui leur permettra d’acquérir les faux papiers et rejoindre l’Allemagne où ils rêvent d’ouvrir un bar. Mais à force de larcins, de magouilles et de jeux interdits — parfois risqués —, les deux cousins risquent de se perdre.

À l’heure où l’on parle beaucoup du sort tragique des Palestiniens piégés dans la bande de Gaza, Vers Un Pays inconnu raconte le destin dramatique des jeunes Palestiniens qui ont réussi à s’échapper des camps de réfugiés de Syrie et du Liban, et débarquent en Grèce. Un destin dramatique parce que, pour la plupart d’entre eux, ce voyage Vers Un Pays inconnu est un naufrage qui s’arrête aux portes de l’Europe.  

D’un réalisme bluffant, la fiction Mahdi Fleifel se veut dans la lignée des buddy movies, et tient dans le rapport entre ses deux héros, l’impétueux Chatila et le fragile Reda. Ce dernier, ex-drogué, s’accroche à son cousin et le suit dans tous les bons et mauvais coups. Pour le spectateur, c’est vraiment facile de s’intéresser à ce tandem bancal. Bancal mais attachant.