Pour son premier long-métrage, La Convocation, récompensé par la Caméra d’or à Cannes, Halfdan Ullmann Tøndel nous introduit dans une école norvégienne à l’heure d’un entretien tendu entre enseignants et parents d’élèves.
La première mondiale de La Convocation s’est déroulée en mai 2024 à Cannes où le premier long-métrage de Halfdan Ullmann Tøndel était sélectionné dans la section Un certain regard. Résultat, le jeune réalisateur norvégien est reparti avec un prix prestigieux : la Caméra d’or.
Sur une base plutôt simple et volontairement floue, Halfdan Ullmann Tøndel fait monter la tension chez le spectateur et entretient un suspense prenant. On ne saura jamais précisément ce qu’est reproché au jeune Armand, on saura juste que ce n’est pas la première fois qu’il pose problème à l’école, comme à la maison. « Armand a encore fait des siennes ? » interroge son père sans trop s’intéresser à la réponse. Ce jour-là, son enseignante estime que cet enfant de 6 ans a eu un comportement inquiétant avec un autre camarade de classe. Directeur et profs décident de prendre rendez-vous avec ses parents toujours très occupés. Seule, Elisabeth (Renate Reinsve), la mère répond à La Convocation.
Dans un univers froid comme les paysages nordiques, la température ne tarde pas à monter entre adultes dont les points de vue divergent. La mère, comédienne à succès, joue le grand jeu pour défendre son petit. Avec d’autant plus d’assurance que tout le monde a du mal à expliquer ce qui s’est réellement passé : personne n’est franchement à l’aise pour parler de la sexualité concernant enfants. Halfdan Ullmann Tøndel en profite pour amener les aînés à douter : la limite admise a-t-elle été franchie ? Où est la vérité, où est le mensonge ? Est-ce un jeu ? Où commence la violence ? Qui est la victime, qui est l’agresseur ? Et finalement, y a-t-il un coupable et un innocent ?
Entre moments de tension extrême et scènes de danse inattendues, presque surréalistes, le spectateur n’est pas prêt d’oublier le fou-rire inconvenant de la mère face au consortium scolaire. Renate Reinsve, révélée au grand public en 2021 par le Prix d’interprétation à Cannes pour Julie (en 12 chapitres) de Joachim Trier, se montre d’un naturel confondant, parvenant à tenir ce fou-rire — une dizaine de minutes, quand même ! — jusqu’à le rendre embarrassant, voire même pathétique. Car finalement, à travers le comportement des enfants, n’est-ce pas celui des adultes que l’on remet en question ? Halfdan Ullmann Tøndel, petit-fils d’Ingmar Bergman et Liv Ullmann, semble connaitre la réponse à la question que pose sa Convocation.
- La Convocation de Halfdan Ullmann Tøndel (Norvège, 1 h 57) avec Renate Reinsve, Ellen Dorrit Petersen, Endre Hellestveit…