Dans Magma, dans les salles de cinéma mercredi 19 mars, Cyprien Vial amène le spectateur à explorer le sentiment d’intranquillité qu’il a lui-même éprouvé à l’adolescence en grimpant au sommet du volcan de la Soufrière.
« Je ne suis pas un grand sportif mais depuis que je suis petit, j’aime bien la randonnée en montagne, confie Cyprien Vial en présentant son film au festival de Sarlat. Au cours de ces quinze dernières années, j’ai développé un lien assez fort aux volcans parce que ce sont des montagnes qui racontent des histoires. » Avec Magma, c’est lui qui nous raconte une histoire, celle de Katia Reiter (Marina Foïs) à la tête de l’Observatoire volcanologique de Guadeloupe. Nous la découvrons sur un territoire qu’elle habite depuis une dizaine d’années alors qu’elle forme un duo solide avec Aimé (Théo Christine), jeune Guadeloupéen auquel elle transmet sa passion du métier.
« On n’a pas besoin de beaucoup de connaissance géologique pour découvrir la vie d’un volcan, ajoute le réalisateur, et j’aime bien me sentir très petit et très inutile sur ces volcans qui me calment. Je me souviens être monté en haut de la Soufrière avec mes parents. Ça a été une expérience grisante et effrayante qui m’a donné envie d’explorer cette sensation d’intranquillité galvanisante propre au territoire volcanique. »
Une controverse
« Katia est un clin d’œil à Katia Krafft, volcanologue de terrain et passionnée de photographie », commente Cyprien Vial qui nous livre un beau portrait de femme, pas bien grande mais très utile et qui sait rester calme au moment de faire face à ses responsabilités. Alors que le volcan de la Soufrière frémit au point de devenir une menace majeure, c’est sur ses recommandations que va s’appuyer le préfet de l’île pour exiger — ou non — l’évacuation de la population avec toutes les conséquences humaines et commerciales qui en découlent.
Sur l’écran, le calme de Katia contraste avec la tension qui secoue tous les habitants de l’île au bord de l’ébullition. Et puis, une fois la décision prise, la caméra suit les départs précipités, les embouteillages tonitruants qui s’en suivent, et finalement le silence des maisons et des rues désertées, des plages vides. On pense aux images réelles du documentaire de Bernard Herzog, La Soufrière, lorsque la ville de Basse-Terre et les 75 000 habitants de la région ont été évacués en 1976.
Cyprien Vial s’est souvenu de la sévère controverse entre le volcanologue Haroun Tazieff et Claude Allègre alors directeur de l’IPG (Institut de physique du globe), qui n’étaient pas d’accord sur l’évolution de la phase éruptive qui venait de secouer la Guadeloupe. Dans sa fiction, le cinéaste nous fait partager ce sentiment d’intranquillité qui implique le principe de précaution, et nous permet de mieux appréhender les enjeux divergeants entre scientifique et politique. Privilégiant la notion de crise, Magma échappe au statut de film catastrophe hollywoodien.
- Magma de Cyprien Vial (France, 1h25) avec Marina Foïs, Théo Christine, Mathieu Demy…