« La Claque » ou l’art de faire illusion

Photo : Gilles Rammant

Dans La Claque, Fred Radix convoque le théâtre parisien de la Belle Époque pour en faire une comédie musicale à l’humour ciselé et aux airs vintage. Une plongée jubilatoire dans les coulisses d’un art où tout ne tient parfois… qu’à une salve d’applaudissements bien placée. C’est à découvrir mercredi 23 avril au théâtre Montdory à Barentin et vendredi 25 avril au 3 Colombiers à Notre-Dame-de-Gravenchon

1895. Paris. Rideau dans une heure et demi. Le chef de claque Auguste Levasseur est en nage : sa troupe d’applaudisseurs s’est volatilisée. Catastrophe ! Car sans claque, pas de triomphe. Et sans triomphe, pas de carrière. Commence alors une course contre la montre en compagnie de Fauvette, flûtiste futée, et Dugommier, régisseur malchanceux. Leur mission ? Former à la hâte une escouade de claqueurs improvisés. Entre répétitions express, extraits de pièce rocambolesques et changements de décors à la chaîne, le trio devra mettre les bouchées doubles pour sauver la soirée.

Fred Radix, alias Auguste Levasseur, transforme une anecdote historique en moteur comique. Oui, la claque a bel et bien existé, et son influence sur le succès d’un spectacle n’était pas une légende. Ici, elle devient prétexte à une comédie enlevée, qui pastiche joyeusement les travers du théâtre à grand spectacle. Entre satire des egos d’artistes et clins d’œil aux conventions d’antan, le spectacle, La Claque, jongle habilement entre hommage et moquerie tendre.

Un patrimoine théâtral

L’artiste ne signe pas seulement l’écriture et la mise en scène : il est au cœur de cette mécanique bien huilée. Ce multi-instrumentiste, chanteur et acteur maîtrise le burlesque autant que la baguette de chef. Déjà remarqué avec Le Siffleur, il reprend ici sa recette : un humour fin, une musicalité omniprésente, et un décalage historique qui fait mouche.

Autour du chef de claque, Alice Noureux et Guillaume Collignon ne sont pas en reste. Leur duo de seconds de scène joue les contrepoints parfaits : elle, fougueuse et pince-sans-rire ; lui, lunaire et débordé. Ensemble, ils campent une galerie de personnages hauts en couleur, tour à tour metteurs en scène surexcités, comédiens cabotins ou figurants paumés. Les transitions chantées, les effets sonores en direct et les envolées instrumentales ajoutent un second niveau de lecture. On y savoure autant le texte que la partition. Pas besoin d’être mélomane ou historien du théâtre pour rire de bon cœur. L’écriture se veut accessible, les situations universelles. Les plus jeunes y verront une aventure à rebondissements ; les adultes, un clin d’œil savoureux à la mécanique du spectacle vivant.

Derrière les rires, c’est tout un pan du patrimoine théâtral qui se dévoile : celui des coulisses, des combines et de l’art de faire illusion. Fred Radix dépoussière le théâtre d’époque sans jamais le tourner en ridicule. Il en fait un terrain de jeu, une partition collective, un prétexte à se laisser emporter. Une chose est sûre : dans cette salle, personne ne fait tapisserie. Et pour une fois, il est permis – recommandé, même – d’applaudir à tout rompre.

Infos pratiques

  • mercredi 23 avril à 20h30 au théâtre Montdory à Barentin. Tarifs : de 15 à 7 €
    Réservation au 02 32 94 90 23
  • Vendredi 25 avril à 20h30 au 3 Colombiers à Notre-Dame-de-Gravenchon. Tarifs : 20 €, 10 € Réservations
  • Durée : 1h24
  • À partir de 8 ans