Après La Douleur en 2018, Emmanuel Finkiel retrouve Mélanie Thierry pour l’adaptation du roman de Aharon Appelfeld, La Chambre de Mariana, à voir dès ce mercredi 23 avril. Un rôle à César pour la comédienne ? Après Oxana, le film de Charlène Favier sorti la semaine dernière, c’est encore un film français qui nous ramène en Ukraine mais, cette fois, à l’époque où l’on cachait les juifs de l’envahisseur nazi.
Emmanuel Finkiel adapte le roman plus ou moins biographique de Aharon Appelfeld, La Chambre de Mariana et, pour incarner sa Mariana, il a choisi Mélanie Thierry, qu’il avait fait tourné en 2015 dans Je ne suis pas un salaud, et surtout pour être l’héroïne de sa Douleur, rôle qui lui avait valu une nomination au César de la Meilleure actrice et, à Cabourg, le Swann d’Or de l’actrice romantique de l’année 2018.
Son personnage de prostituée est cependant beaucoup moins romantique ici et d’ailleurs, le véritable héros du film est un petit Ukrainien de 12 ans que lui confie sa mère pour échapper aux nombreuses rafles de juifs en 1943. Plusieurs mois durant, Hugo (Artem Kyryk) va vivre dans un bordel, caché dans le placard d’une chambre, à l’écoute des bruits des clients de Mariana — souvent des soldats allemands — et attentif aux scènes sensuelles mais parfois violentes qu’il devine à travers la cloison…
Des rêves et des cauchemars
Après un car qui tombe en panne entre Varsovie et Auschwitz dans Voyages (1999), après la France occupée par les nazis dans l’adaptation de La Douleur de Marguerite Duras (2017), Emmanuel Finkiel s’intéresse à nouveau au drame de la Shoah mais perçu ici du point de vue d’un enfant qui justement, vivant caché, ne voit rien mais entend tout : à l’intérieur, ce sont des voix, des cris, des chuchotements, des gémissements, des pleurs, des rires aussi… Dehors, ce sont des attroupements tapageurs, des hurlements terrifiants, des fusillades assourdissants… Sensations qui ne sont pas sans rappeler au spectateur l’immense Zone d’intérêt de Jonathan Glazer, Oscar puis César du Meilleur Film étranger.
En filmant les pensées, les rêves ou les cauchemars de Hugo, Emmanuel Finkiel nous fait sortir du huis clos qui aurait pu paraître insupportable malgré le talent de Mélanie Thierry qui s’est donné la peine de parler en ukrainien pour incarner cette Mariana, pute farouche de l’envahisseur et nounou voluptueuse d’un gamin qui grandit et dont elle éveille les désirs. Avec en vue, une autre nomination au César de la Meilleure actrice ? Faut voir…
- La Chambre de Mariana de Emmanuel FInkiel (France, 2h11) avec Mélanie Thierry, Artem Kyryk, Julia Goldberg…