Au Tetris au Havre, le coucher de soleil du mardi 29 avril s’annonce des plus ardents avec la venue de Death Valley Girls, rock’n’roll band made in USA aussi brûlant qu’impétueux.
Iggy Pop apprécie les groupes de rock féminins et ne s’en cache pas ! On l’a dernièrement entendu acclamer la folie des Anglaises de Lambrini Girls, récemment passées au 106 à Rouen, et l’iguane encense depuis longtemps le groupe américain Death Valley Girls qui joue mardi 29 avril au Tetris au Havre. Plus que des mots, Iggy a même fait preuve d’abnégation en jouant dans le clip de leur titre Disaster (Is What We’re After) en 2018. Un hommage à Andy Warhol qui mangeait également un burger dans 66 Scenes Of America, l’une des saynètes du film documentaire de Jørgen Leth. Les filles de la vallée de la mort réalisent ici leur rêve d’associer l’auteur de The Passenger, Warhol et leur vision du rock’n’roll.
Le groupe de Los Angeles, toujours mené par Bonnie Bloomgarden, seule rescapée de la mouture originale de 2013, a connu de nombreux changements de personnels au cours des douze dernières années. Mais le groupe conserve sa ferveur et une configuration identique basée sur le quatuor batterie, basse/chœurs, guitare soliste et chant/guitare pour la frontwoman qui délaisse volontiers, pendant certaines chansons, sa six cordes pour maltraiter un vieil orgue Farfisa dans l’esprit de The Darts, autre combo féminin des plus saignants.
Du vécu et des fantasmes
Death Valley Girls ? Un nom percutant digne d’un film de série B en forme de western contemporain comme les réalisateurs de seconde zone en faisaient souvent à la fin des sixties. Les cow-boys et les indiens étaient rangés au placard. Le décor se limitait à un soleil intense, une zone aride garnie de quelques pierres, de cactus et de maisons isolées dans lequel, à défaut de Mustang ou d’Appaloosa, de belles sauvageonnes chevauchaient de grosses cylindrées pour semer la panique et défier les mâles des environs.
Plus que le dialogue, l’action était primordiale et la musique tenait le rôle principal. N’allez pas croire pour autant que Death Valley Girls n’a rien à dire. Ces femmes parlent de sujets de société, de monde imaginaire, des femmes, d’amour — souvent déchu —, puis d’espoir. Le rêve et la réalité se croisent souvent dans les paroles. On ressent le vécu, on devine les fantasmes. Le tout chanté avec une certaine émotion, beaucoup de grâce et de légèreté, pour donner une couleur vocale quasi mystique à la manière d’une Lene Lovich. Et ceci, malgré un déluge sonore provoqué par la saturation maximum des guitares et une sorte de phasing associé à la voix de Bonnie Bloomgarden pour accentuer l’effet psychédélique souhaité par le groupe.
Le son Death Valley Girls pourrait se résumer à du garage rock sous acid, poussé à onze sur le bouton de volume des amplis. Il a même été décrit par Flood Magazine comme du « doom-boogie, psych-pop », qualification pompeuse qui veut tout dire et ne rien dire à la fois, toutefois réutilisée par le groupe pour qualifier sa musique aujourd’hui. L’essentiel étant de comprendre qu’un concert de Death Valley Girls ne ressemble pas à un moment de quiétude et de repos des esgourdes. On y va pour être secoué et entendre le tonnerre gronder, pour subir la domination des guitares et la puissance de feu du groupe… Ou simplement pour s’enthousiasmer devant ces Death Valley Girls encore loin d’être cramées malgré la température ambiante.
Infos pratiques
- mardi 29 avril à 20 heures au Tetris au Havre
- Première partie : Bella And The Bizarre
- Tarifs : 12 €, 8 €
- Réservation au 02 35 19 00 38 ou en ligne