Balourd, tendre et poétique

David (Iair Said) renoue avec sa mère (Rita Cortese), et ce n’est pas toujours simple / Photo Campo Cine

Acteur, scénariste, directeur de casting, Iair Said se met en scène dans la peau d’un trentenaire un peu paumé qui renoue avec sa famille, dans son premier long-métrage, Moi, ma mère et les autres, dans les salles de cinéma mercredi 7 mai.

Après Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan, le réalisateur argentin Iair Said propose Moi, ma mère et les autres et filme une relation mère/fils bien différente de celle que nous racontait Ken Scott dans la comédie dramatique adaptée du roman de Roland Perez. Ici, Iair Said, auteur, réalisateur et acteur principal du film, incarne un trentenaire pataud et ronchon, en plein chagrin d’amour. Et ce qui n’arrange rien pour David, c’est qu’il doit retourner dans son Argentine natale pour assister aux funérailles de son oncle. Mais finalement, ce retour aux sources pourrait bien lui être salutaire puisque c’est l’occasion pour David de renouer avec sa mère (Rita Cortese) et sa famille juive.

Iair Said signe une sorte de déambulation dans Buenos Aires au milieu de gens ordinaires, pas toujours sympas, entre leçons de conduite stressantes, visite à son père hospitalisé, quasi mourant, discutions parfois tendues avec sa mère, jeux de séduction avec tout homme qui attarde son regard sur lui… 

Entre tragédie et comédie

L’homosexualité dans une famille juive n’est pas le seul centre d’intérêt abordé dans le film. Le deuil de l’oncle, et l’attente de la mort du père, donne l’occasion d’évoquer l’euthanasie, sujet encore sensible dans une Argentine très catholique et, de façon plus pragmatique, de dénoncer le coût d’un deuil tout comme la bureaucratie qui entoure la mort. 

Finalement, son David, aux rondeurs voluptueuses, nous fait de la peine, nous émeut et nous amuse à la fois. Car Moi, ma mère et les autres — on préfère le titre original : Los Domingos mueren más personas, Les gens meurent plus le dimanche — balance constamment entre tragédie et comédie : le burlesque se mêle au drame, à la poésie, à la langueur, dans un rythme doux. Et si David ne s’aime pas trop, nous, on finit par l’aimer.