Résister à l’irrésistible

Max (Blanche Gardin) et sa fille Paula (Laly Mercier) vont devoir faire avec Théo, un vieux robot irrésistible / Photo TS Productions - Marianne Productions

Quand les robots et l’intelligence artificielle font peur, il vaut peut-être mieux en rire. C’est ce que nous propose Giulio Callegari dans son premier long-métrage, Un monde merveilleux, qui sort dans les salles de cinéma mercredi 7 mai.  

En présentant son premier long-métrage, Un monde merveilleux, au festival de Sarlat, le réalisateur et scénariste Giulio Callegari reconnait que les technologies de l’IA et de la robotique l’angoissent. « Quand j’ai commencé à écrire ce film il y a cinq ans, l’IA n’avait pas encore explosé à ce point. Je me suis donc intéressé aux bipèdes qui nous remplaceraient dans ce qui fait de nous des êtres humains comme le service à la personne : personnes âgées, enfants. Je trouve qu’on délègue de plus en plus notre humanité à des machines. D’ailleurs, cinq ans plus tard, Tesla s’apprête à sortir son robot bipède. J’ai un petit souci thérapeutique personnel, j’ai besoin d’affronter mes peurs, d’en rigoler, de désarmer cette peur par le burlesque. »

Le spectateur est donc invité à rire lui aussi à propos d’une question simple que pose Un monde merveilleux. À l’avenir, allons-nous pouvoir échapper à une société où les humains dépendent des robots ? Giulio Callegari imagine donc un futur proche où son héroïne, Max (Blanche Gardin), est une ancienne enseignante. Les profs ont déjà été remplacés par des robots, autant dire que les robots, Max ne veut pas en entendre parler… On la découvre vivotant avec sa fille Paula (Laly Mercier) grâce à des petites magouilles plus ou moins honnêtes. Et sa toute dernière combine consiste à kidnapper un robot ultra moderne, le dernier modèle du genre, non pas pour le garder mais pour le revendre en pièces détachées. Naturellement, ça ne va pas se passer comme elle l’espérait. Avec sa fille, elle embarque Théo, un T-0, au lieu d’un T-5 dernier cri. Maintenant, elles vont devoir faire avec…

Merveilleux, vraiment ?

Si le robot n’est pas encore entré dans l’univers du citoyen lambda, il est devenu un héros récurrent au cinéma depuis longtemps. Comme en 2021, dans l’excellent, Je suis ton homme, la réalisatrice allemande Maria Schrader mettait en scène une scientifique, célibataire endurcie, qui, pendant trois semaines, acceptait, non sans une certaine réticence, de vivre avec un robot à l’apparence humaine parfaite, spécialement programmé pour la rendre heureuse…

Pas d’humanoïde chez Giulio Callegari mais des robots blancs aux formes rondes et douces, qui nous renvoient à la gentille EVE de WALL-E, le film d’animation de Andrew Stanton. Ils ont l’air tellement sympas que même la fille de Max aimerait avoir son robot, comme on aimerait avoir un animal de compagnie. Mais Max fait de la résistance. « J’avais envie de montrer et rendre hommage à des résistants, des activistes qui ont un courage que je n’ai pas toujours. Max résiste à une technologie assez irrésistible. »

Dans ce monde pas si merveilleux, on s’amuse donc avec ce duo particulier composé d’un robot, très premier degré, naïf, optimiste — auquel on finit par s’attacher —, et d’une femme dépressive, en colère, cynique, qu’incarne à merveille Blanche Gardin. On se demande parfois qui est le plus humain des deux. A travers ce drôle de buddy movie, Giulio Callegari démontre qu’avec une bonne dose de patience, on peut toujours trouver un peu d’humanité dans ce monde, qu’il soit merveilleux… ou pas.

  • Un monde merveilleux de Giulio Callegari (France, 1 h 18) avec Blanche Gardin, Angélique Flaugere, Laly Mercier…