Massacre au relais de chasse

Damien (Félix Lefebvre), l’étudiant qui ne sait pas dire non / Photo  : Capricci

Giovanni Aloi offre un premier grand rôle au jeune Félix Lefebvre qui s’endurcit pour porter solidement Le Domaine sur ses épaules encore frêles. Le film sort dans les salles de cinéma mercredi 14 mai.

C’est un film noir que nous propose Giovanni Aloi avec Le Domaine, cinq ans après son premier long-métrage, La Troisième Guerre, mettant en scène un militaire novice patrouillant dans les rues de Paris dans le cadre d’une mission Sentinelle. Après Anthony Bajon, c’est à un autre jeune comédien qu’il confie le rôle principal, Félix Lefebvre, révélé dans Eté 85 de François Ozon en 2020 et remarqué dans La Passagère de Héloïse Pelloquet en 2022. Aujourd’hui, il est le personnage principal d’une histoire sombre librement inspirée d’un fait divers qui s’est déroulé dans les Landes et qu’on a appelé la Tuerie de Belhade… En 1985, dans l’incendie d’un relais de chasse, près de Bordeaux, on avait retrouvé les corps de deux hommes et d’une femme qui avaient été assassinés par balle.

Pour Giovanni Aloi, Félix Lefebvre devient Damien, étudiant fauché qui travaille comme serveur pour subvenir à ses besoins. Pour arrondir ses fins de mois, il accepte même des extras dans un relais de chasse où deux caïds locaux, Malaury et Pasquini, incarnés par Patrick d’Assumçao et Raphaël Thiéry, tous deux excellents, organisent des chasses « organisées », tirs au paintball sur des étudiantes en robes blanches, jeux d’argent, et mettent des prostituées à disposition de leurs « invités ». Pour Damien, les problèmes commencent lorsqu’une jeune femme disparaît…

Des situations illégales

À l’heure où le consentement est au cœur de nombreux débats, le réalisateur s’intéresse à un jeune qui ne sait pas dire non quand il serait plus sage de renoncer. Giovanni Aloi imagine un étudiant sans idéal ni objectif, qui, ne sachant pas faire des choix, se trouve mêlé à des situations illégales. Doucement mais sûrement, Damien se met au service du milieu criminel dans la région de Saint-Nazaire.

La réalisation se fait du point de vue du jeune homme dépassé par les événements, d’où l’importance du rôle pour Félix Lefebvre qui se fait le narrateur de ce qu’a vécu son personnage. Damien se demande comment il a pu en arriver là, comment ça a commencé. Avec lui, on remonte le temps, on revit une potentielle histoire d’amour avec la belle et insolente Célia (Lola Le Lann) et, au fil des scènes, les événements se précipitent autant qu’ils s’aggravent. Parce que, on le sait dès l’entrée de ce Domaine, ça va mal finir !

Le spectateur pourra être gêné par la voix off parfois maladroite, parfois lourde, parfois encombrante, mais elle a le mérite de faire ressentir ce qui sépare la réalité de la subjectivité. On finit même par se demander si les souvenirs de Damien sont vraiment fiables.