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Photo : DR

Le groupe Bryan’s Magic Tears débarque au Kubb samedi 17 mai. Ambiance estampillée Manchester avec shoegaze et baggy au programme du club ébroïcien avant le festival Douce amère à Crouttes vendredi 30 mai.

Bryan’s Magic Tears n’a pas attendu le retour viral et branché du shoegaze pour en balancer à tout va. Le groupe… français, en concert samedi 17 mai au Kubb d’Évreux, puis vendredi 30 mai au festival Douce amère à Crouttes, envoie de la guitare oppressante et tournoyante depuis ses débuts en 2016. Mais loin de se contenter d’un registre musical aussi identifiable et précis que le shoegaze du groupe Ride qu’il manie parfaitement comme on peut l’entendre sur Stalker, le quatuor tape à merveille dans l’autre style sexy et jouissif de la même époque : le baggy, avec The Happy Mondays et The Stone Roses clairement identifiés dans le rétroviseur des Frenchies.

Que de bonnes références mais que d’évidences également tant Bryan’s Magic Tears ressemble à une version hexagonale du triptyque magique Ride, Happy Mondays, Stone Roses. Un savant et savoureux mélange du son des Anglais cuisiné à la sauce parisienne et le résultat est succulent, à commencer par ce Stream Roller qu’on pourrait coller sans hésiter au répertoire des furieux de Manchester précédemment cités. Ce single pulse, groove et transcende avec son côté psychédélique si cher au baggy. Un titre parfait pour le marché anglais mais insensé en France où la tradition de la chanson pèse de tout son poids. 

Bryan’s Magic Tears persiste à raison dans cette voie où la conduite se fait à gauche. À l’image de groupes comme Tahiti 80, MNNQNS, Howlin’Jaws et plusieurs autres, on ne s’embarrasse pas avec la langue de Molière pour contenter un certain public. Bryan’s Magic Tears ne se pose pas de question et poursuit sa route en explorant les travers de cette période euphorique bénie des dieux de l’amour, de la fête, de l’insouciance et de l’extase située entre la fin des années 1980 et la moitié de la décennie suivante. Toutefois et même si le lien est fort, le combo ne se présente pas sur scène comme une énième copie des groupes du genre, fantasmant une époque qu’ils ont ratée. Les Bryan’s Magic Tears sont les dignes héritiers des anciens avec une touche actuelle qui les rend crédibles en 2025. Ils jouent à merveille, envoient du lourd sur tous les titres et marquent les esprits lors de chaque concert. 

Un grand écart de cinquante ans

Les Bryan’s Magic Tears partagent l’affiche avec quatre jeunes teigneux de Nottingham au doux nom exotique de Cucamaras. En deux mini albums, soit dix chansons, Cucamaras a résumé le rock britannique de 1976 à aujourd’hui. C’est peut-être un raccourci ultra rapide quand on connaît l’ampleur du dossier mais force est de constater que les British s’imprègnent de l’univers de leurs ainés et de leurs contemporains sans embarras. Ils assument totalement et s’en sortent plutôt bien. Sur Soft Soap, en 2022, le sceau de Fontaines D.C. était clairement audible et le suivant, Buck Rogers Time l’année suivante, faisait la part belle au post punk, aux Arctic Monkeys – le chanteur de Cucamaras possède d’ailleurs un timbre vocal assez similaire à celui d’Alex Turner des Arctic Monkeys – et même aux guitares percutantes des Clash sur le titre Wilmslow Storm Warning. De probables et recevables influences digérées et régurgitées par des Cucamaras qui se cherchent encore mais qui possèdent déjà de sérieux atouts pour se trouver une identité artistique. 

Après le Summer of love de 1967 en Californie, celui des Anglais du baggy de 1988, Évreux serait-elle la prochaine étape de l’été de l’amour ? Un peu de joie, d’amour, d’altruisme et de mysticisme en cette période nauséabonde et troublante ne pourrait être que bénéfique aux gens et ces deux groupes apporteront samedi soir un peu de tout ça à la fois. 

Infos pratiques

  • Samedi 17 mai à 20 heures au Kubb à Évreux. Première partie : Cucamaras. Tarifs : de 16 à 10 €. Réservation au 02 32 29 63 32 ou sur www.letangram.com
  •  Vendredi 30 mai au festival Douce amère à Crouttes avec Whispering Sons, Venin Carmin, Flying Blanket Mystery Paul Parking (Johnny Mafia, Treaks, OK Plague, Garage Machine, Eutherpe, Evy Blue, Naya K2-3 samedi 31 mai). Tarifs : 22 € une journée, 35 € les deux jours. Réservation en ligne