Dans Fille en colère sur un banc de pierre, Véronique Ovaldé explore dans le temps, non sans humour, les relations orageuses au sein d’une famille de quatre filles après une tragédie. Accompagnée par la violoncelliste Maëva Le Berre, l’écrivaine lit des extraits de son roman mardi 20 mai au théâtre du Château à Eu pendant le festival Terres de paroles.
Véronique Ovaldé installe la famille Salvatore dans une structure ultra patriarcale. Le père est plutôt du genre soupe au lait. Il ne sourit jamais et parle très peu. Heureusement parce qu’il n’a jamais un mot agréable à dire à son épouse, une femme soumise, méprisée et sous pression, et à ses enfants. Dans cette famille, pas de garçons mais quatre filles. Pour le père, c’est comme ne pas avoir d’enfant. Il a juste une affection pour Mimi, la dernière de cette sororie qui rayonne comme un soleil. « Il me semble que l’on compare souvent les enfants entre eux, notamment leur physique, interroge Véronique Ovaldé. Ce qui peut être très douloureux. Il vaut mieux être tombé sur la bonne fée parce que l’on préfère les gens beaux. Le père va créer cette rivalité entre ses filles ». Avant Mimi sont nées Violetta, Gilda et Aïda. Aucune est le fruit d’un amour sincère.
Donc quatre filles qui portent des prénoms de grands personnages d’opéra. Un souhait du père, un fou de musique lyrique. Quand il écoute une pièce, il est vivement conseillé de ne pas le déranger. Or un opéra raconte toujours une tragédie. Les Salvatore en ont vécue une. Avec une passion pour l’opéra, « c’est comme si un drame était inscrit dans l’histoire de cette famille, remarque Véronique Ovaldé. Il y a une sorte d’aveuglement. Le père ne se rend pas compte qu’il y a une condamnation à la tragédie ».
Secrets de famille
Un soir de carnaval, Aïda et Mimi partent de la maison sans autorisation pour découvrir cette fête à Iazza, le village de cette petite île sicilienne. Mimi, 6 ans, échappe à la surveillance de sa sœur et ne sera jamais retrouvée. Cette Fille en colère sur un banc de pierre, titre du nouveau roman de Véronique Ovaldé, c’est Aïda, l’intrépide, la rebelle, surtout la paria, qui a du mal à trouver sa place. Elle devient le vilain petit canard de la famille et la quittera à l’adolescence pour aller vivre à Palerme. Elle reviendra quinze ans plus tard pour l’enterrement de son père. Elle découvrira les secrets de cette famille et élucidera l’énigme de cette soirée de carnaval.
Dans Fille en colère sur un banc de pierre, Véronique Ovaldé qui lit des extraits de son roman en compagnie de Maëva Le Berre, violoncelliste, au théâtre du Château à Eu, scrute la cellule familiale. « C’est notre terrain commun. Nous avons tous une famille. Là, j’inclus l’absence de famille. On peut parler d’amour, de compétition, de rivalité, de jalousie, de chagrin… C’est le côté organique qui m’intéressait avec cette famille assez archaïque. Il y a à la fois quelque chose qui protège et qui enferme. Comme sur l’île où elle vit ».
Véronique Ovaldé construit son récit en le ponctuant des Contes et légendes de la famille Salvatore. « Ce sont ces événements qui se déroulent dans toutes les familles et que l’on nous raconte. Nous sommes le produit d’une histoire. Ce sont des transmissions silencieuses, des legs imperceptibles et tout cela nous fabrique ». La romancière donne son avis sur les attitudes et les réactions de ses personnages. « J’interviens beaucoup et cela fait un bien fou. Je me permets une forme de causticité. Il y a aussi une forme d’honnêteté. J’assume être la narratrice. Cela met une distance assez salutaire. Je prends du recul ». Véronique Ovaldé se moque des membres de cette famille, avec leurs travers et leurs maladresses, et leur fait porter un lourd poids venant du passé.
Infos pratiques
- Mardi 20 mai à 20 heures au théâtre du Château à Eu
- Tarifs : de 13 à 10 €
- Réservation au 02 35 50 20 97 ou sur wwwtheatreduchateau.fr