À partir d’un film de Yann Le Masson dont la bande son a disparu, Raphaël Pillosio tente de donner la parole à des militantes algériennes dans Les Mots qu’elles eurent un jour, un film à découvrir au cinéma mercredi 11 juin.
Les relations entre la France et l’Algérie ne sont pas au beau fixe ces temps-ci mais cela ne date pas d’hier. Et si depuis 1983, dans leurs manuels scolaires, les lycéens découvrent la guerre qui s’est déroulée entre 1954 et 1962, la conquête de l’Algérie par la France — et ses exactions — dès 1830 est longtemps restée sous silence. Autant de raisons pour aller à la rencontre des militantes algériennes à partir d’images recueillies par Yann Le Masson à leur sortie de prison à Rennes en 1962. Cinquante ans plus tard, sans bande son, Raphaël Pillosio tente de retrouver Les Mots qu’elles eurent un jour, dans un documentaire aussi instructif qu’émouvant présenté aux Rencontres de Gérardmer.
En 2004, dans Algérie, d’autres regards, Raphaël Pillosio filmait déjà des réalisateurs français qui avaient fait des documentaires contre la guerre d’Algérie ; Yann Le Masson mais aussi Olga Poliakoff, René Vautier, Pierre Clément, Cécile Decugis… Les Mots qu’elles eurent un jour poursuit cette quête de vérité à partir d’images anciennes de militantes — souvent jeunes — répondant librement à des questions sur leurs combats politiques, leurs espoirs pour l’Algérie et même leur statut de femmes.
Raphaël Pillosio ne s’intéresse pas uniquement à leur passé mais surtout à ce qu’elles sont devenues et la démarche est plus compliquée. Certaines, très politisées, continuent de militer et d’autres ayant tourné la page, préfèrent ne pas être filmées. Le spectateur suit ainsi toutes les démarches du réalisateur métamorphosé en enquêteur à la recherche de toutes infos, photos, témoignages sur ces femmes ou les membres de leur famille, afin de raconter leur histoire commune et personnelle… Autant de portraits émouvants que l’on ne doit pas ignorer.
- Les Mots qu’elles eurent un jour de Raphaël Pillosio (France, 1h24)