Après trois comédies sérieuses, Thomas Ngijol signe un film policier 100 % africain où il incarne un commissaire de police qui a du mal à faire régner l’ordre, même chez lui. Indomptables sort dans les salles de cinéma mercredi 11 juin.
Dans trois précédentes comédies — Case départ, Fastlife, Black Snake — Thomas Ngijol avait toujours abordé des sujets graves comme l’esclavage ou la colonisation mais, cette fois, il n’y a pas une once d’humour dans Indomptables. Ce nouveau long-métrage, entièrement tourné au Cameroun, s’inspire du documentaire de Mosco Lévi Boucault, Un Crime à Abidjan suivant l’enquête d’un commissaire dans les bas fond d’Abidjan suite au meurtre d’un policier.
Thomas Ngijol transpose et quitte la Côte d’Ivoire pour nous emmener à Yaoundé, au Cameroun, le pays de ses parents. C’est lui qui — petit costume sur chemise cravatée — incarne avec pragmatisme le commissaire Billong enquêtant sur le meurtre d’un des siens. Et l’humoriste a l’excellente idée d’élargir ce qu’il appelle les siens, ces officiers de polices qu’il dirige, aux siens, femme et enfants qui partagent sa vie. Et le parallèle est vite fait : le placide Billong a bien du mal à faire la loi dans la rue comme à la maison. Heureusement que Mme Billong qui tient tête à son commissaire de mari est là pour veiller sur tout ce petit monde. Pour cet homme de principe et de tradition, le burn out n’est pas loin.
Le travail d’abord
Sous prétexte d’un film policier bien construit, Thomas Ngijol, papa de quatre filles, interroge le rôle de ce père camerounais qui fait passer son travail avant sa famille, qui veut transmettre des traditions que sa fille aînée rejette, qui veut imposer une autorité rigide au risque de blesser le plus grand de ses fils, qui n’a pas le temps de partager une glace avec le plus petit, qui fait un sixième enfant à une mère déjà bien occupée… Ce père, aussi, qui connait la misère de ses compatriotes et qui considère ses enfants comme des privilégiés du fait qu’ils ont de quoi manger et un toit pour dormir…
Thomas Ngijol filme le Cameroun sans l’embellir ni tomber dans le misérabilisme, un pays où la police brutalise les suspects, un pays où les hôpitaux laissent mourir les malades quand ils ne peuvent pas payer… Avec ce film 100% africain, il reste dans le vrai : quand ses policiers, sans grands moyens, entrent dans une pièce pour arrêter un voyou, c’est sans casque, ni gilet pare-balles. Juste avec un courage qui impressionne autant que les cascades de James Bond ou d’Ethan Hunt.
- Indomptables de Thomas Ngijol (France, 1h20) avec Thomas Ngijol, Danilo Melande, Bienvenue Mvoe…