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« Norma » à l’Opéra de Rouen : des amours et une révolte silencieuses

photo Jean Pouget

C’est la dernière mise en scène de Frédéric Roels en tant que directeur de l’Opéra de Rouen Normandie. Norma de Bellini se joue du 29 septembre au 7 octobre au Théâtre des Arts à Rouen. Un spectacle magnifique.

 

Impossible de ne pas être traversé de frissons à l’écoute du célèbre air Casta Diva. C’est un moment magnifique de bel canto romantique. Un moment où le temps reste suspendu. Et la mezzo-soprano Ruxandra Donose l’interprète avec une grande délicatesse. Des instants émouvants, Norma en est gorgés. L’opéra de Vincenzo Bellini (1801-1835) est une oeuvre puissante dans laquelle le drame se mêle à la passion, l’amour, la politique et la trahison. Juste avant la fin de son mandat, Frédéric Roels, directeur de l’Opéra de Rouen Normandie, met en scène Norma à partir du 29 septembre au Théâtre des Arts. Cinq représentations pour découvrir un spectacle composé de magnifiques tableaux.

Norma est tout d’abord l’histoire d’un monde en fracture, de deux peuples qui se confrontent, celui des Gaulois et celui des Romains. Le premier tend de résister au second. Sur fond de conflit politique, se déchire un triangle amoureux : deux femmes, gauloises, Norma, la prêtesse, Adalgisa, jeune novice, et un homme, Pollione, proconsul romain. Il y a une personne de trop et ça finira mal.

Tout commence dans la forêt sacrée, près du chêne d’Irminsul, Norma doit couper le gui. Lors de ce rite, elle tente d’apaiser la colère de son peuple qui appelle à la résistance. Norma, femme de raison ? Pas tant que cela. Elle a bien sûr compris la mutation inévitable de la société mais elle est avant tout une femme de passion. Passion pour un homme qu’elle aime. Elle est liée par un amour coupable à Pollione, père de ses deux enfants. Quand elle apprend sa relation avec Adalgisa, C’est un sentiment de forte colère qui monte en elle. Pour se venger, elle pense à assassiner ses enfants. Elle n’y parviendra pas. Elle menace Pollione de mort. Elle n’y parviendra pas non plus. Au fil du spectacle, Norma que l’on voit si forte ne va cesser de se fragiliser. Belle prêtresse dans son long manteau blanc, elle devient une femme empreinte de douleur dans sa robe noire. C’est elle qui se sacrifiera sur le bûcher.

Dans les entrailles de la terre

Dans sa musique, Bellini explore l’âme humaine. Dans sa mise en scène, Frédéric Roels a eu la bonne idée de l’exprimer à travers la danse. Celle de Dominique Boivin. Trois interprètes de la compagnie Beau Geste reforment le triangle amoureux. Au-dessus des chanteurs, comme s’ils étaient dans les astres ou dans les pensées, le trio offre des moments d’intimité et de grâce.

Norma, c’est surtout une série de non-dits, de mensonges : l’amour entre Norma et Pollione, la naissance des deux enfants, la relation entre Adalgisa et Pollione, la révolte du peuple gaulois. Avec Frédéric Roels, Norma se déroule dans un décor mystérieux d’une forêt. Ce n’est pas entre les arbres que le metteur en scène fait évoluer les personnages. C’est dans les entrailles de la terre, entre les racines de ces arbres sacrés, où sont enfouis tous ces secrets. Seule une percée dans ce feuillage ouvre sur les mystères de la lune, sur la force des astres, comme celle des sentiments.

  • Vendredi 29 septembre à 20 heures, dimanche 1er octobre à 16 heures, mardi 3, jeudi 5 et samedi 7 octobre à 20 heures au Théâtre des Arts à Rouen. Tarifs : de 68 à 10 €. Réservation au 02 35 98 74 78 ou sur www.operaderouen.fr