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Christian Olivier : « on est dans le présent avec Prévert »

Photo : Fred Chapotat

Inventaire, Le Cancre… Ils font partie des textes les plus connus, signés par Jacques Prévert. Des poèmes qui ont aussi été étudiés à l’école primaire. Paroles, le premier recueil de poésie publié après la Seconde Guerre mondiale, reste toujours inoubliable. Le poète, également scénariste, disparu il y a quarante ans, a rendu accessible à tous une littérature empreinte de fantaisie, de réalisme. Plusieurs générations de chanteurs et chanteuses ont puisé dans les écrits de Prévert. Pour cet anniversaire, la comédienne et réalisatrice, Yolande Moreau, et Christian Olivier rendent un hommage à Jacques Prévert samedi 11 novembre au théâtre Charles-Dullin à Grand-Quevilly. Entretien avec le fondateur de Têtes raides qui a sorti un album de reprises.

Quel trait de caractère retenez-vous de Jacques Prévert ?

Jacques Prévert, c’est le défendeur des libertés, de sa liberté d’écriture. Plusieurs choses sont intéressantes avec lui. Il est un personnage à différentes facettes. Il est arrivé à l’écriture sur le tard. Avant, il va vadrouiller. Il vit. Et c’est toute cette période qui l’amène à l’écriture. Ce sont toutes les personnes qu’il a rencontrées qui l’incitent à raconter des histoires. Pendant toute sa vie, il a défendu une forme d’écriture, de poésie qui n’a d’ailleurs pas toujours été appréciée par tout le monde. Pour moi, Prévert n’est pas seulement un poète, il est divers personnages avec un côté dramatique, un côté drôle et un côté politique aussi.

Que préférez-vous dans l’écriture de Prévert ?

Je préfère le second degré. Quand je me suis mis à lire les textes de Prévert, j’ai beaucoup apprécié le côté décalé, les images et les symboles évoqués. Prévert nous emmène entre quelque chose de très réel et l’imaginaire.

Comment Prévert vous a-t-il accompagné pendant toutes ces années ?

J’ai toujours lu et écouté des textes de Prévert. J’y suis plongé en permanence. Je me souviens des interprétations de Serge Reggiani, de Marianne Oswald. De Prévert, il y aussi les collages. Avec Les Chats pelés, nous menons un même travail. Je me situe dans cette même veine.

Est-ce simple de composer une musique sur un texte de Prévert ?

C’est à la fois simple et compliqué. C’est un exercice délicat de mettre une poésie en musique. Quand je prends un texte, j’entends rapidement une mélodie. Mais il faut rester vigilant pour ne pas l’effacer. Il faut être rusé. Outre Le Condamné à mort de Genet, j’ai seulement mis en musique mes textes. C’est ce qui est intéressant : porter le texte d’un autre et être une bonne courroie de transmission.

Comment avez-vous travaillé avec Yolande Moreau ?

Cela a été un jeu de ping pong. Nous avons chacun choisi des textes. Ce qui nous a permis d’en redécouvrir. Ce qui nous a plu, c’est que nos deux personnages confrontent leur univers. Notre objectif à tous les deux : faire entendre Prévert aujourd’hui.

Prévert est-il toujours moderne ?

Toujours quand il parle des étrangers, de la religion, de la guerre, des ouvriers. Tous ces sujets sont abordés aujourd’hui. On est dans le présent avec Prévert.

 

  • Samedi 11 novembre à 20 heures au théâtre Charles-Dullin à Grand-Quevilly. Tarifs : de 25 à 13 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 35 68 48 91 ou sur www.dullin-voltaire.com