Cyril Gely vient en voisin à la librairie l’Armitière de Rouen jeudi 24 mars pour parler de son premier roman Fabrika (Albin Michel).
Au vu de sa carrière d’auteur de théâtre et de cinéma, difficile d’imaginer que le Rouennais Cyril Gely allait se jeter dans un polar pour son premier livre. Avant, il a écrit Diplomatie qui a triomphé au théâtre et est devenu un film avec Niels Arestrup et André Dussollier. Un beau sujet : comment dans la nuit du 24 au 25 août 1944, la médiation du consul suédois Nordling a convaincu le général Von Choltitz de ne pas faire sauter Paris que les nazis avaient copieusement minée, des ponts aux grands monuments… En 2015, on lui confie le scénario de Chocolat, interprété par Omar Sy. L’histoire du premier clown noir qui finira tragiquement.
Alors, comment expliquer que le scénariste passe de ces sujets plein d’humanité au côté obscur avec cette histoire de photographe de guerre qui va remonter la piste d’un tentaculaire trafic d’organes… ? C’est un mystère. Parce que là, on n’est pas trop dans le registre des bons sentiments… Le photographe en question arrive en pleine guerre russo-ukrainienne. La mort est à ses trousses.
D’ailleurs, il s’appelle Kaplan, comme le héros de La Mort aux trousses d’Hitchcock. Charles Kaplan, français, habitué des champs de bataille, un peu inconscient, pas trop douillet, très débrouillard… Mais bon quand même : « Il y a deux types de peur. Celle liée à l’avenir, on a peur pour ses enfants, pour ses fins de mois, pour ses traites. Et la vraie peur, celle liée au présent, quand une balle siffle au-dessus de votre tête, quand un char pointe son canon vers vous, quand un malade vous menace de sa kalachnikov. Je connais peu la première. La seconde, c’est mon quotidien. »
Il ne va pas tarder à découvrir sa première énigme : des cadavres qui disparaissent mystérieusement. Et le suspense va aller crescendo au cours d’une traque qui va démarrer dans les Balkans sur les traces d’un certain Terek Smalko. Rien que le nom fait peur. Une balade touristique un peu morbide au cours de laquelle le lecteur mal informé va en apprendre de belles sur le marché clandestin des organes. Et Kaplan va mettre le doigt, si l’on peut dire, là où ça fait mal. Cyril Gely s’est visiblement beaucoup documenté pour cette enquête en eaux troubles qui va mener Kaplan en Turquie et à Shanghaï, plaques tournantes bien connues du trafic. Alors, évidemment, pour se réconcilier avec le genre humain, ce n’est pas le bouquin idéal… Mais le suspense est là. Et ce, jusqu’au dénouement…
H.D.
- Jeudi 24 mars à 18 heures à la librairie l’Armitière à Rouen. Entrée libre.
