LA Revue dessinée à Darnétal

Couv La revue dessinée 5La Revue Dessinée crée l’événement depuis un an, et NormandieBulle, le festival de bande dessinée de Darnétal qui se tient samedi 27 et dimanche 28 septembre, fait un focus sur elle. Rencontre avec l’initiateur d’un projet passionnant, Franck Bergeron.

 

 

Quelle est la genèse de « La revue dessinée », revue de plus de 200 pages s’organisant autour de thématiques traitées par des universitaires ou des journalistes, et des dessinateurs de bande dessinée ?

L’idée vient de moi, mais elle s’est très vite organisée autour d’un collectif, autour de Kriss, Sylvain Ricard, Olivier Jouvray David Servenay et Virginie Ollagnier. L’idée de collectif est extrêmement importante pour nous, avec le désir de bousculer les lignes de la BD où la finalité des auteurs est l’album, d’essayer des choses, sans format ou nombre de page prédéfini. C’est une sorte de laboratoire pour raconter le monde, en faisant se confronter journalisme et bande dessinée.

 

La Revue a aujourd’hui un an. Dans un contexte éditorial difficile, quel bilan tirez-vous et quelles perspectives envisagez-vous ?

Notre tirage varie entre 15 et 20 000 exemplaires, avec 3 000 abonnés. Depuis le début, à notre grande surprise, la Revue a trouvé sa place et nous n’avons pour l’instant jamais perdu d’argent ! Notre point d’équilibre a été atteint mais le projet est encore fragile. C’est pourquoi notre économie est spartiate ! D’autant que nous n’avons pas de groupe de presse derrière nous, et que nous avons le souci de payer les auteurs comme il se doit. Le collectif de base est toujours en place, mais il n’y a que Sylvain Ricard et moi-même qui y travaillons à plein temps. Maintenant, pour nous développer, nous devons trouver des fonds, tout en veillant à garder notre indépendance. D’un point de vue éditorial, nous comptons nous recentrer sur des thématiques en lien avec la France, et sur des problématiques sociales, économiques, politiques. Et continuer d’avoir un spectre large de sujets, et d’éviter les « chapelles graphiques ».

 

Qu’en est-il de la version numérique de La Revue, imaginée à l’origine ?

Pour être franc, la version numérique ne constitue que 3% du volume général. Cela ne nous inquiète pas car nous n’avons pas tout misé sur le numérique, mais nous sommes dubitatifs. L’idée est quand même de persévérer !

 

Le nombre d’auteurs et de dessinateurs avec lesquels vous collaborez est impressionnant, entre les jeunes de la nouvelle génération et les plus connus comme vous, les membres du collectif initial ou encore Mattotti, De Crécy, Beb Deum, Stanislas, Bourhis, Cailleaux…

Nous avons en effet le soutien de nos collègues depuis le début. Je pense que tous ont compris l’intention du projet, et surtout se réapproprier les moyens de production et contourner les méthodes de certains éditeurs.

 

Pensez-vous que parmi les raisons de votre succès, il y a le fait que depuis quelques années, l’univers de la BD est enfin prêt à traiter de sujets journalistiques, et le public à les lire en confiance ?

Oui et non. Des sujets « sérieux » sont traités depuis longtemps dans les revues de BD, depuis Charlie ou Métal Hurlant dans les années 1970, puis dans (A suivre) dans les années 1980-1990, et dans l’éphémère Corto où il y avait des articles documentés. La BD est un vocabulaire, un langage, qui permet de traiter de tout. Mais effectivement, peut-être qu’aujourd’hui, le regard d’un certain milieu – intellectuel, « garant de la culture » – a changé. La BD est dorénavant acceptée totalement dans le milieu de la culture. Un exemple qui n’aurait pas pu voir le jour avant : Mathieu Sapin réussissant à intégrer l’entourage de François Hollande pendant la campagne présidentielle, afin d’en faire un reportage dessiné !

 

  • Rencontre Journalisme et bande dessinée, avec Sylvain Lapoix (OWNI), James (La Revue dessinée) et Benjamin Adam (XXI et La Revue dessinée), vendredi 26 septembre à 9h30, au Club de la presse de Haute-Normandie, 7 rue d’Harcourt, à Rouen. Renseignements au 02 32 83 31 38.
  •  Rencontre dédicace avec des auteurs de la Revue dessinée, avec James, Benjamin Adam, Kris et Jouvray, vendredi 26 septembre à 18 heures à la librairie Au grand Nulle part, 102, rue du Général Leclerc à Rouen. Renseignements au 02 35 98 01 84.