« The Search » de Hazanavicius

Avec The Search, un film sur la guerre en Tchétchénie, Michel Hazanavicius est à l’extrême opposé de ces précédents longs métrages. Le réalisateur était lundi à l’Omnia à Rouen pour évoquer sa démarche.

 

© La Petite Reine / La Classe Américaine / Roger Arpajou
© La Petite Reine / La Classe Américaine / Roger Arpajou

On peut faire beaucoup de reproches à The Search. Notamment ce récit trop éclaté qui reste difficile à suivre ou le personnage de Carole, un peu trop bavard. Néanmoins, Michel Hazanavicius a eu l’audace de traiter d’un fait historique, sujet de propagande. « Dans ma vie d’homme, j’ai été amené à m’intéresser à ce conflit en Tchétchénie. C’est un des conflits les moins médiatisés alors qu’il est l’un des plus meurtriers, un des plus sauvages. C’est une guerre asymétrique : une armée contre un peuple. On en retient que les Tchétchènes sont des terroristes. Ce qui est une absurdité ».

 

Michel Hazanavicius a un regard sans concession sur cette deuxième guerre en Tchétchénie. The Search, proche du documentaire récompensé au festival de Sarlat, ne se savoure pas comme toute fiction, tout drame ou tout film historique romancé. Il se regarde comme un témoignage. Sans mélo, sans pathos. Le réalisateur montre les horreurs de la guerre, la vie des réfugiés, une jeunesse sacrifiée, la perte d’une identité, l’inertie de la communauté internationale et aussi la violence de l’armée russe. « Je me trouve très en dessous de la réalité. Souvent dans les films de guerre, sont mises en jeu les valeurs comme le courage, l’héroïsme. Or, la guerre réveille ce qu’il y a de plus bas chez l’homme ».

 

The Search, une relecture des Anges marqués de Fred Zinnemann, raconte le parcours de deux garçons. Le premier : Hadji, 9 ans, assiste à l’assassinat de ses parents par des soldats russes. Un sac sur le dos, il part avec son petit frère dans les bras, quittant la maison et une grande sœur qu’il pense aussi décédée. Il marche dans un paysage dévasté, confie le bébé à une famille tchéchène et se retrouve dans un camp de réfugiés. L’autre garçon est russe. Il a 20 ans et se fait arrêter en pleine rue avec un joint entre les doigts. La prison ou la guerre ? Pour Kolia, ce sera la guerre. Le jeune homme est conditionné pour devenir un tueur. Dans cette histoire, tournée en Georgie où vit une communauté tchétchène, il y a aussi Raïssa, la grande sœur de Hadji qui tente de réunir sa famille, et Carole (Bérénice Bejo), chargée de mission pour l’Union européenne, déstabilisée par une situation dramatique et les lourdeurs bureaucratiques.

Michel Hazanavicius a pris un vrai risque, considérant que « nous avons une responsabilité énorme vis-à-vis de ces gamins ».

 

 

  • The Search de Michel Hazanavicius, avec Bérénice Bejo, Annette Bening, Maksim Emelianov, Abdul Khalim Mamatsuiev… Sortie le 26 novembre (2h14)