L’héritage de Charles Lhullier au MuMa

Charles Lhullier, directeur de l’école de dessin au Havre, a ouvert des voies à plusieurs artistes, tels que Othon Friesz ou Raoul Dufy. Le MuMa, musée d’art moderne André Malraux, consacre jusqu’au 13 février une exposition, À l’école de Charles Lhullier, à un homme qui a été oublié et à ses élèves, bien plus célèbres.

Un homme méconnu

Il a tenu une place importante dans le monde artistique havrais. Pourtant, l’histoire n’a pas vraiment retenu son nom. Charles Lhullier (1824-1898) a été peintre, professeur et directeur de l’école municipale d’arts, également directeur du musée des Beaux-Arts. Comme son père, il devient marin. Sur le bateau, il dessine pour les officiers qui sont à bord. Il va devenir ensuite peintre décorateur tout en suivant les cours de Jacques-François Ochard, le premier maître de Claude Monet à l’école municipale de dessin du Havre. En 1851, il demande une bourse pour aller étudier à l’école nationale des Beaux-Arts à Paris. C’est Eugène Boudin qui l’obtiendra. Charles Lhullier quitte néanmoins Le Havre pour la capitale où il rencontre Claude Monet, se forme auprès de François Édouard Picot et Isidore Pils, un de ses maîtres, et se lie d’amitié avec Johan Jongkind.

Charles Lhullier, autoportrait
Portrait de Charles Lhullier par Othon Friesz

Des artistes très remarqués

Si le professeur est resté dans l’ombre, ses élèves ont connu la célébrité. « Charles Lhullier est souvent décrit comme un homme un peu bourru », commente Michaël Debris, commissaire de l’exposition. Son autoportrait montre en effet un visage fermé et sévère, une peau marquée par quelques excès ou l’air marin. Quand Othon Friesz reprend ce tableau, il lui adouci le regard. « Il est resté un professeur bienveillant. Il a respecté les différentes visions de l’art de ses élèves. En fait, il a éveillé des appétits et révélé des talents. Beaucoup de témoignages s’accordent pour qualifier Charles Lhullier de bon maître ». Le directeur de l’école d’art du Havre a accompagné deux artistes très connus, Raoul Dufy et Othon Friesz. Il y a aussi Gaston Prunier, Henri et René de Saint-Delis, Albert Roussat et Louis Saraben, des décorateurs pour les revues des Folies Bergères, Jules Lalouette et Charles Potier, des photographes, Frédéric Rôtig et Georges Fauvel, des peintres animaliers…

Une exposition

Cette exposition, À l’école de Charles Lhullier, à voir jusqu’au 13 février, retrace cette vie artistique havraise à travers quelque 80 œuvres dont la moitié a fait l’objet d’une campagne de restauration et de nouveaux encadrements. Celles évidemment de Charles Lhullier qui représentent des scènes militaires. Le peintre reçoit une médaille d’or à l’exposition internationale du Havre en 1868 avec Le Café des Turcos où se trouvent des tirailleurs algériens. « Lhullier a une attention aux détails avec les visages et les tissus, à la lumière », remarque Michaël Debris. À voir également cette Silhouette de femme cueillant des fleurs dans un champ, une scène quelque peu mélancolique.

L’école de Charles Lhullier se réunit ainsi au Muma avec des peintures, des gravures, des dessins de ces différents élèves qui s’intéressent au portrait, au paysage, au monde du travail, aux animaux… Chacun dans un style qui lui est propre. L’exposition est complétée par les œuvres que Charles Lhullier a achetées en tant que directeur, comme Le Bassin de Deauville d’Eugène Boudin.

Infos pratiques

  • Jusqu’au 13 février, du mardi au vendredi de 11 heures à 18 heures, les samedi et dimanche de 11 heures à 19 heures, au MuMa, musée d’art moderne André-Malraux au Havre.
  • Tarifs : 7 €, 4 €
  • Renseignements au 02 35 19 62 72 ou sur www.muma-lehavre.fr