Une famille de collectionneurs au MuMa

En décembre 2004, de nouvelles œuvres sont entrées dans les collections du MuMa au Havre. Hélène Senn-Foulds donnait ainsi un fonds exceptionnel de peintures, de dessins et de sculptures. Vingt ans plus tard, le musée d’art moderne André-Malraux porte un nouveau regard sur de don lors de cette exposition, Les Senn, collectionneurs et mécènes, à voir jusqu’au 16 février 2025.

Géraldine Lefebvre n’a pas oublié l’émotion ressentie quand sont arrivées les 205 œuvres cédées par Hélène Senn-Foulds à la ville du Havre. La directrice du MuMa était alors attachée de conservation. « Ce fut un grand moment de voir ces Monet, Sisley, Renoir, Degas, Pissarro… Vingt ans plus tard, nous avons eu envie de nous replonger dans cette donation. Ce fut riche en rencontres, en recherche et en découverte ». Vingt ans plus tard, une exposition, Les Senn, collectionneurs et mécènes, parcourt jusqu’au 16 février 2025 au musée d’art moderne André-Malraux cent ans d’histoire de l’art à travers des peintures, des dessins et des sculptures qui ont appartenu à cette famille.

Cette collection est l’œuvre d’un homme, Olivier Senn (1864-1959), négociant en coton, grand amateur d’art et fondateur du cercle de l’art moderne. « Il a été membre de la commission d’acquisition du musée et a fait en sorte que les impressionnistes entrent dans les collections. Si les collections des musées s’ouvrent aux impressionnistes, c’est grâce à ces collectionneurs. À cette époque, l’impressionnisme est rejeté », rappelle Géraldine Lefebvre qui partage le commissariat de l’exposition avec Michaël Debris.

En 1913, Olivier Senn donne au musée du Havre un premier tableau, une esquisse pour un décor dans la chapelle des Saints-Anges de l’église Saint-Sulpice. Il y en aura d’autres les années suivantes avant le 2 décembre 2004, date à laquelle Hélène Senn-Foulds, fille d’Édouard Senn et petite-fille d’Olivier Senn, fait don d’une partie de la collection de son grand-père — l’autre étant la part d’héritage de sa tante, Alice Senn. Elle confiera la collection de son père en 2009.

L’exposition, avec ses points de repères chronologiques, dévoile les goûts raffinés d’un homme, son audace, sa passion pour la peinture et sa volonté de soutenir des artistes. Elle commence par une étude du Cheval arabe blanc-gris d’après Théodore Géricault, un tableau qui ne figure plus dans la collection. Un espace est dédié aux dessins de Degas. « Olivier Senn avait un amour fou pour les dessins de jeunesse de Degas. Il en a achetés environ 80. 48 figurent dans la donation ». Un autre concentre des études de ciels de Boudin qui a toujours su capter les variations de lumière.

Le MuMa a reconstitué les accrochages du petit salon et du grand salon de l’appartement parisien d’Olivier Senn avec des tableaux de Boudin, toujours, de Renoir, de Pissarro, de Bonnard, de Pompon, de Monet… Le collectionneur a beaucoup apprécié le travail d’Albert Marquet, dont le tableau captivant, La Femme blonde, d’Henri-Edmond Cross, de Paul Sérusier, de Félix Vallotton, d’Armand Guillaumin, de Charles Lacoste et de Charles Cottet.

Comme son père, Édouard Senn (1901-1992) est devenu négociant en coton et collectionneur. Il s’est intéressé aux artistes de son époque, comme Pierre Lesueur, Roger Mühl, Endre Rozsda. Il achète Le Mendiant, une aquarelle émouvante de Picasso, et Paysage, Antibes, un tableau magnifique de Nicolas de Staël. L’exposition se termine avec les bleus vibrants de Geneviève Asse.

Infos pratiques

  • Jusqu’au 16 février 2025, du mardi au vendredi de 11 heures à 18 heures, les samedi et dimanche de 11 heures à 19 heures, au MuMa au Havre
  • Tarifs : 10 €, 6 €
  • Renseignements au 02 35 19 62 62 ou sur www.muma-lehavre.fr