Marion Muzac : « La danse est un art rassembleur »

photo : Edmond Carrère

C’est déjà de la danse, le temps fort du Rive Gauche, se poursuit mardi 18 janvier avec la Maison de l’Université avec une performance de Marion Muzac, artiste en résidence au théâtre de Saint-Étienne-du-Rouvray. La danseuse et chorégraphe s’est penchée sur la notion de mutation dans MU, une pièce créée en janvier 2021, inspirée des sculptures d’Émilie Faïf, pour une danseuse, Aimée-Rose Rich, et une musicienne, Johanna Luz. Entretien avec Marion Muzac.

Vous êtes artiste associée pendant trois saisons au Rive Gauche à Saint-Étienne-du-Rouvray. Comment envisagez-vous cette résidence ?

C’est une grande chance, aussi très agréable de pouvoir travailler avec une équipe de théâtre et de se sentir accompagnée. Une résidence, c’est l’occasion de présenter le projet artistique de la compagnie, d’expérimenter des choses. Nous sommes liés à un territoire. Ce qui permet de créer des fidélités, de mener un travail de sensibilisation auprès des publics. C’est plus que nécessaire aujourd’hui.

Est-ce difficile de parler de la danse ?

En soi, non, cela ne l’est pas mais il y a souvent de l’appréhension, notamment sur la danse contemporaine qui peut paraître difficile d’accès ou à comprendre. La danse est un art rassembleur, fédérateur, facile aussi. Nous dansons tous plus ou moins et avons tous un rapport avec notre corps. Je travaille avec des publics différents, danseurs ou pas, qui découvrent toujours des sensations.

Comment avez-vous découvert cet art ?

Je l’ai découvert de façon ordinaire. Comme toute petite fille. On m’a inscrite à un cours et j’ai dansé sans vraiment me poser de questions. J’aimais vraiment cela. Je me suis formée ensuite dans un conservatoire. Je ne pensais pas du tout en faire mon métier. Avec mon travail en communication, j’ai replongé dans ce milieu artistique, dans ce bain créatif. Puis le corps a repris le dessus. J’ai suivi les cours de Merce Cunnighman, une formation en alternance au CDC (centre de développement chorégraphique, ndlr) de Toulouse. J’étais en immersion totale dans ce lieu de fabrication. Je voyais les spectacles se créer, le travail effectué auprès des publics. Ce fut une vraie découverte.

Fonder une compagnie a été une évidence pour vous ?

Cette volonté n’est pas venue tout de suite. J’ai mené des ateliers dans les écoles, dans les lycées. J’ai fait se côtoyer les publics. J’avais besoin d’une diversité dans ma pratique. J’ai aussi interrogé le rapport que les interprètes ont à l’histoire de la danse. C’est le fond de mon travail. J’ai eu une pratique très tôt de la danse mais détachée de son histoire. Je viens d’un département, le Cantal, avec une dimension culturelle pauvre. J’ai ressenti ce manque de repères.

Pendant C’est déjà de la danse, vous proposez MU. Comment vous êtes-vous inspiré des sculptures d’Émilie Faïf ?

Elle crée des figures qui pourraient appartenir à une mythologie moderne parce qu’elles ont une relation avec le monde numérique et sportif. Ce sont des héros autour desquels il peut avoir plein de fantasmes. Mais quelle humanité se dégage de tout cela ? J’ai choisi deux sculptures, posées dans un monde fait de douceur. Elles sont comme des totems, issus d’un folklore ou d’un carnaval. J’ai écrit une danse tribale pour Aimée-Rose Rich qui peut faire penser à divers personnages dans cette tenue de footballeuse. MU parle de la transformation. Ce titre fait aussi référence à ce continent d’Océanie enseveli par les eaux.

Quelle est la place de la musicienne ?

Elle a une place d’interprète et de compositrice avec notamment des relecture des hymnes entendus dans les stades de foot. Elle joue sur un pad et a toute une gestuelle. C’est en fait un aller et retour avec Aimée-Rose Rich.

Infos pratiques

  • Mardi 18 janvier à 12 heures à l’UFR des Sciences er techniques, site du Madrillet, à Saint-Étienne-du-Rouvray
  • Durée : 40 minutes
  • Spectacle gratuit
  • Réservation au 02 32 76 93 01 ou sur www.mdu.univ-rouen.fr et au 02 32 91 94 94 ou sur www.lerivegauche76.fr
  • photo : Edmond Carrère