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La fin d’une utopie

photo : Christophe Engels

Kingdom est le troisième volet d’une trilogie sur l’état du monde. Après Tristesse et Arctique, Anne-Cécile Vandalem emmène au milieu de la taïga où se joue le conflit d’une famille. C’est mercredi 9 et jeudi 10 mars au Volcan au Havre.

Dans Kingdom, les enfants ont hérité des différends entre les parents. Il y a trente ans, Philippe a quitté le monde moderne pour se réfugier en pleine nature dans la taïga en Sibérie. Il va y construire son royaume où arrivent ensuite son épouse et ses enfants et plus tard, sa belle-sœur avec toute sa famille. Après quelques années, les relations vont se tendre. Pour assurer la paix, il faudra dessiner des frontières. Comme dans tout partage de territoire, il y aura des gagnants et des perdants. Donc un conflit.

Pour le dernier volet de sa trilogie, Anne-Cécile Vandalem s’est appuyée sur le documentaire de Clément Cogitore, Broguino. « C’est la première fois que je me laisse inspirer par une autre œuvre. Ce film faisait écho à ce que je voulais dire. J’ai essayé de me détacher du réel pour remplir la fiction en insistant sur les zones de troubles, en imaginant un passé à ces personnes et en prêtant des intentions aux uns et aux autres. J’avais aussi envie de donner la parole aux enfants pour voir ce qu’ils font de ce conflit, comment ils le gèrent et comment ils peuvent s’inscrire dans un avenir parce que leur territoire est en danger et leurs ressources sont menacées. Là, nous sommes au cœur d’une région, un monde sauvage, où la survie est en jeu ».

Un seul point de vue

Pour raconter cette histoire qui se déroule sous l’œil d’un réalisateur, Anne-Cécile Vandalem a choisi de dévoiler un seul propos. « C’est un parti-pris très fort qui permet une projection de l’autre famille. Le mal existe à partir de ce que l’on fait et dit, et de ce que l’on projette ». Chez l’autrice et metteuse en scène de la compagnie Das Fraülein, il n’y a pas la volonté d’être dans un discours manichéen mais de « ramener le confit à l’intérieur de cette famille déchirée. C’est bien connu : le mal est toujours de l’autre côté de la barrière. Or, il est au sein de chaque famille et c’est pour cette raison que ses membres se séparent. Une erreur a été commise à un moment. Je viens ainsi interroger les intentions de départ de Philippe ».

La caméra tient une nouvelle fois une place importante dans Kingdom. « Elle agrandit l’espace théâtral, donne plus d’air. J’ai voulu un rapport direct à la caméra. Le récit de l’équipe de tournage est destiné à être porté au reste du monde. Pour aller plus loin dans ce qui est dit, rien de ce qui est présent n’est vu. Je laisse au langage et au récit toute sa puissance ». Cette pièce de théâtre raconte la fin d’un rêve et la manifestation de ressentiments anciens, d’un péché originel trop lourd à porter pour les enfants.

Info pratiques

  • Mercredi 9 et jeudi 10 mars à 19h30 au Volcan au Havre
  • Durée : 1h40
  • Tarifs : de 24 à 5 €. Pour les étudiants : carte Culture
  • Réservation au 02 35 19 10 20 ou sur www.levolcan.com