Tahiti 80 présente son dixième album, Hello Hello, en concert samedi 5 octobre au 106 à Rouen, un album qui a permis aux cinq Tahitiens de se reconnecter, de reprendre énormément de plaisir à jouer ensemble et en live, pour un résultat des plus brillants et toujours aussi pop. Rencontre avec Pedro Resendre et Médéric Gontier, respectivement bassiste et guitariste du groupe rouennais.
Avec Hello Hello, 10e album de Tahiti 80, avez-vous souhaité vous orienter vers la nouveauté ou poursuivre un chemin similaire aux précédents albums ?
Pedro Resende : On a toujours l’envie de réaliser un album parfait mais le précédent a été enregistré à l’époque de la Covid, période durant laquelle nous ne pouvions pas nous retrouver et devions travailler en s’envoyant mutuellement des fichiers. Pour Hello Hello, nous souhaitions retrouver cette ambiance de groupe, de revivre une expérience organique, de simplement jouer ensemble, à cinq dans la même pièce. 90% de l’enregistrement de Hello Hello a été conçu de cette manière en dix jours, ce qui nous a permis d’obtenir une certaine unité dans le son et le mood.
Médéric Gontier : On souhaitait également changer d’air, travailler dans un autre studio que le nôtre avec un producteur, Stéphane Laporte alias Domotic, pour être guidés mais aussi sortir de notre confort habituel. L’essentiel était de se retrouver au sein de Tahiti 80.
Que raconte votre nouvel album ?
Médéric Gontier : Every Little Thing, Le premier titre de l’album, parle justement de ça, de Tahiti 80 qui est toujours là, que nous conservons cet esprit de groupe et que nous en avons besoin.
Pedro Resende : Nous abordons notamment les thèmes « classiques » de l’amour et de la trahison, les thèmes récurrents de la pop song en fait. On cherche toujours la petite phrase accrocheuse, cette suite de mots qui fait la différence. Mais c’est toujours un challenge de se renouveler dans le texte et dans la composition… D’être pertinents.
Ce titre d’album et de single, Hello Hello, est-il une façon de montrer que vous existez auprès du jeune public qui ne vous ne connaît pas forcément ?
Pedro Resende : Non, pas du tout ou alors ce serait totalement inconscient. C’est un titre que tout le monde peut comprendre, universel.
Médéric Gontier : Et il est parfait pour ouvrir un live par exemple.
Est-ce que Tahiti 80 a toujours la même envie d’avancer, de faire des albums pop ou y a-t-il eu des moments de doutes ces dernières années ?
Pedro Resende : En vingt-cinq ans, nous avons vécu l’effondrement de la vente de disques, l’arrivée du streaming et de nouvelles générations de publics… Alors oui nous avons toujours des moments de doutes concernant l’avenir en tant que musiciens qui mènent une carrière. Il y a aussi la peur de la redite, de refaire un disque similaire au précédent même s’il y a logiquement une unité dans notre discographie. Mais tant que le plaisir sera là, que nous nous montrerons pertinents, on continuera.
Ce dixième album résume bien votre culture pop mais aussi votre passion pour le tropicalisme*, il y a plusieurs titres – Poison Flower, 1+1, Lose My Head – dans cet esprit sur l’album ?
Pedro Resende : Oui, c’est vrai que nous apprécions le côté fun, décalé et organique de cette musique. La présence de vraies percussions et de synthétiseurs apportent ce groove que nous souhaitions naturel. C’est quand même plus sympa qu’une rythmique programmée sur une machine.
Médéric Gontier : Le tropicalisme fait référence aujourd’hui. Les Brésiliens s’étaient inspirés des Occidentaux, des Anglais et des Américains en particulier, pour développer un style contestataire. Aujourd’hui, c’est nous qui nous en inspirons pour créer mais il n’y a rien de politique.
Pedro Resende : Et comme Domotic, notre producteur, apprécie les effets sonores des années 1970 et les percussions, il a su répondre à nos désidératas.
Médéric, vous interprétez trois titres sur cet album, prenez-vous plus de place qu’auparavant dans la composition des chansons ?
Médéric Gontier : C’est vrai que je chante trois titres sur cet album mais il n’y avait rien de planifié. Au départ, nous avions enregistré les maquettes des chansons puis nous sommes passés à la pré-production et ces trois titres – 1+1, About us, Anyway – nous ont parus cohérents pour figurer sur l’album.
Au-delà de la voix, on reconnaît bien la touche Médéric. Votre approche de l’écriture et de la composition est-elle différente de celle de Xavier (Boyer, chanteur lead, guitariste et claviériste) ?
Médéric Gontier : Pas plus que ça. Il n’y pas plus de mélancolie chez l’un que de joie chez l’autre. J’apporte des chansons et certaines sont retenues, d’autres sont recalées et me servent pour mon projet en solo, Med. Même chose pour celles proposées par Xavier, certes plus nombreuses, mais elles finissent dans ses albums personnels également lorsqu’elles ne sont pas validées par le groupe. Nos chansons respectives sont remaniées et améliorées par l’ensemble des musiciens de Tahiti 80. Par exemple, About Us ne ressemble pas du tout à la version du départ, notamment au niveau de l’introduction et des couplets qui ont évolué.
Pedro Resende : Chacun joue un rôle dans la conception. Je développe le groove, Med et Xav s’occupent du song-writing, Hadrien gère les claviers et Rapha (le batteur) apporte par exemple des idées de transitions d’accords dans les chansons parce qu’il a suivi une vraie formation musicale contrairement aux autres qui sont autodidactes. Chacun se situe à sa place et cela permet de durer dans le temps. C’est un peu les clés de la longévité d’un groupe.
Médéric Gontier : On est tous capables d’entendre un avis négatif sur une proposition de chanson ou de thème ou de rythme, etc. C’est très bien et ça règle les problèmes d’égo.
Vous allez présenter l’album au public rouennais samedi soir mais il manquera Rapha, le batteur attitré de Tahiti 80 depuis l’arrêt de Sylvain Marchand ? Quelle sera la solution pour ce concert ?
Médéric Gontier : Ce sont les aléas du calendrier. Rapha est très demandé et tourne beaucoup en ce moment avec Kid Francescoli avec qui il jouera samedi. Il sera remplacé exceptionnellement par Jonathan Lamarque qui vient de Royan et jouait dans Pendentif, un groupe de Bordeaux.
Ce live sera uniquement consacré à l’album ou d’autres anciennes chansons compléteront le set ?
Pedro Resende : Nous jouerons cinq ou six chansons du dernier album (sorti vendredi 27 septembre) mais le public attend aussi les chansons phares du groupe telles que Big Day ou Heart Beat qui sont des incontournables du live. Le set ne durera qu’une heure et des choix draconiens s’imposeront.
Vous jouerez en premier, devant Pépite, mais il n’est pas question de première partie ni de tête d’affiche ici ?
Médéric Gontier : Non c’est un plateau partagé mais Pépite est plus connu que nous en France, notamment auprès du jeune public, et jouera donc en second.
Est-ce que le public pourra acheter votre album sur place ?
Médéric Gontier : Nous avons prévu d’apporter des exemplaires de l’album en version orange limitée, des tee-shirts et des sacs, tout un merchandising réalisé pour la sortie de Hello Hello mais aussi d’anciens albums pour compléter les collections.
* tropicalisme : mouvement culturel apparu au Brésil en 1967 en réponse à la dictature qui prônait uniquement le nationalisme et la musique populaire. Les artistes brésiliens se sont emparés du rock psychédélique et du mouvement hippie pour les incorporer dans leurs compositions et leur façon de vivre.
Infos pratiques
- Samedi 5 octobre à 20 heures au 106 à Rouen
- Concert avec Pépite
- Tarifs : de 23 à 14 €
- Réservation au 02 32 10 88 60 ou sur www.le106.com
- Aller au concert en transport en commun avec le réseau Astuce