En quête d’harmonie

Ce sont de vrais musiciens qui forment le quatuor : Mathieu Spinosi au premier violon, Daniel Garlisky au second violon, Emma Ravier à l’alto et Marie Vialle au violoncelle / Photo : Pyramide Distribution

Les Musiciens, ce sont les virtuoses que Grégory Magne réunit en quatuor le temps d’un concert exceptionnel. Entre confrontation d’égos et partitions complexes, leurs répétitions méritent le déplacement. Le film sort dans les salles de cinéma mercredi 7 mai.

Après avoir initié les spectateurs à l’univers des Parfums en 2020, Grégory Magne nous introduit dans les coulisses des répétitions d’un quatuor de Musiciens, en vue d’un concert exceptionnel. Alors certes, les musiciens sont les héros de ce film palpitant mais ils ne seraient rien sans leurs instruments ni l’œuvre musicale qu’ils vont interpréter ensemble.

Grégory Magne nous met en appétit avec la découverte de l’intérieur d’un violoncelle Stradivarius. Astrid Thompson (Valerie Donzeli) va pouvoir enfin réaliser le rêve de son père, multimillionnaire récemment décédé : réunir un quatuor de Stradivarius — deux violons, un alto et un violoncelle — pour une première mondiale télévisée qui ravira les mélomanes du monde entier. Reste à trouver le financement mais surtout les musiciens. Sur le papier, le choix de George (Mathieu Spinosi) au premier violon, Peter (Daniel Garlisky) au second violon, Apolline (Emma Ravier) à l’alto et Lise (Marie Vialle) au violoncelle, semble parfait. Sauf que ces quatre virtuoses, qui viennent d’univers différents, se montrent incapables de jouer ensemble. Pour trouver une solution aux crises d’ego qui se succèdent, Astrid fait appel à la seule personne capable de sauver l’événement : Charlie Beaumont (Frédéric Pierrot), le compositeur de la partition.

« J’ai eu l’idée de ce film en sortant du Covid, témoigne Grégory Magne lors de la présentation de son film aux Rencontres du Sud. On ne savait pas si les spectateurs allaient revenir en salles et je me demandais quelles bonnes raisons pourraient les amener à voir un film au cinéma plutôt que devant leur télé. J’ai eu envie de proposer cette manière d’écouter la musique — et c’est particulièrement vrai avec les instruments à cordes —, où il y a plein de choses à voir et à entendre selon qu’on est à gauche, à droite ou en face d’un quatuor. On a l’impression d’être avec les personnages quand ils jouent, exactement comme lorsqu’ils parlent. »

Des disputes

Comme il n’était pas nécessaire d’être fan de football pour apprécier Mercato de Tristan Séguéla, ou Les Arènes de Camille Perton, être mélomane n’est pas un critère obligatoire pour aller à la rencontre de ces Musiciens dont les répétitions révèlent la nature humaine. George, le frimeur, est persuadé d’être le meilleur ; Peter et Lise, autrefois partenaires dans un trio, sont devenus irréconciliables, ils ne s’adressent pas la parole depuis de nombreuses années ; la jeune Apolline, découverte via les réseaux sociaux, se partage entre partitions et créations de story… Seule à être conscience de la chance de participer à un tel événement, elle est enviée par les trois autres qui ont connu les affres des concours au conservatoire. Jalousant sa spontanéité, son enthousiasme, ils la laissent de côté avec dédain.

En thérapie avec Frédéric Pierrot, les quatre comédiens/musiciens vont finir par s’entendre et mettre en communion leur amour de la musique. C’est une des richesses du film qui nous permet de découvrir ces moments de travail, de recherche, de doutes avant que la magie de la musique les emporte et nous emporte avec. D’ailleurs, mélomane ou pas, le morceau signé par Grégoire Hetzel, joué pour la dernière scène et qui se poursuit lors du générique de fin, vous paraîtra sûrement bien trop court. 

Frédéric Pierrot : « Je jouais comme une patate »

Frédéric Pierrot, dans la peau d’un compositeur dans le film « Les Musiciens » / Photo : Pyramide Distribution

À Avignon, lors des Rencontres du Sud, le Normand Frédéric Pierrot qui incarne Charlie Beaumont, le compositeur du morceau choisi pour le concert mondial, nous parle de son rapport à la musique.

Faut-il s’y connaître en musique pour jouer un compositeur ? 

Vous savez, notre métier est basé sur l’idée de s’autoriser à… À rêver, à croire qu’on peut être, à croire qu’on peut faire. Je m’autorise donc à un moment donner à croire que je peux être musicien. 

Et donc quel est votre rapport à la musique?

En musique, je ne suis pas très bon. Je ne sais pas bien lire les partitions mais j’essaie. En fait, si je fais de la musique, c’est pour me libérer de la pesanteur du langage. Oui c’est ça, pour moi, la musique est un langage qui n’a pas besoin de mots.

Donc vous aimez écouter de la musique?

Oui, j’aime écouter de la musique. D’ailleurs quand j’allais sur un tournage en voiture, j’écoutais des musiques spécifiques qui me permettaient de trouver l’énergie qui me semblait adéquate à tel ou tel rôle. 

Jouez-vous d’un instrument?

Oui, d’ailleurs j’ai commencé à rêver d’une carrière artistique en osant jouer de la clarinette en public. Et je vous assure que je jouais comme une patate. Je n’avais pas de prof, je travaillais tout seul, comme un fou. Je n’arrêtais pas et au bout d’un an, je me suis retrouvé avec des copains à jouer devant quatre mille personnes lors un festival de jazz de ma région, le Jams potasses (NDLR : à Luneray). C’était impressionnant. Et je jouais très, très mal… mais avec l’énergie, la joie, l’excitation de faire un truc avec les copains qui, heureusement étaient meilleurs que moi, alors ça passait. Tout le monde était content.