Sept jours pour sauver sa peau

Jamel Debbouze dans la peau d’un agent de footballeur inquiet et parfois inquiétant / Photo : Mika Cotellon

Habitué à jouer les trublions au cinéma, Jamel Debbouze se fait rare dans les rôles graves. Une raison de plus pour de le découvrir fébrile, en agent de footballeur dans Mercato de Tristan Séguéla, en salles à partir de mercredi 19 février. 

Si vous n’êtes pas fan de foot, on vous rassure, Tristan Séguéla ne nous propose pas la redif d’une finale de coupe du monde mais signe un thriller sur les arcanes d’un monde impitoyable : celui des agents de joueurs en pleine période de Mercato. Petit rappel pour les non-initiés, le football générant des millards d’euros, l’heure des transferts d’un joueur, d’un club à un autre club, est un moment crucial pour le sportif et son agent : côté financier, les montants peuvent être vertigineux mais sur le plan humain, certains peuvent toucher le fond… 

L’idée du film vient directement de Jamel Debbouze qui n’a jamais caché sa fascination pour le foot et les joueurs comme Anelka, Zidane, Mbappé qu’il a eu l’occasion de côtoyer. Pas si étonnant donc de retrouver le patron du Jamel Comedy club, dans la peau du héros ou plutôt de l’antihéros de ce Mercato. Driss, est un agent dans une très mauvaise passe : son meilleur joueur, Mehdi Bentarek (Hakim Jemili), a été mis sur la touche à la suite d’une faute grave. Condamné à rester sur le banc de touche, il ne lui rapporte plus un centime depuis un an. Or Driss doit une grosse somme d’argent à un truand inflexible qui lui donne une semaine pour le rembourser: il va passer les sept prochains jours à se démener pour vendre son joueur au meilleur prix. 

Un rôle complexe

L’an dernier, dans Quatre Zéro, Fabien Onteniente s’intéressait déjà au rôle des agents, sur le ton de la comédie. Avec Mercato, on ne rit plus du tout. L’agent de Tristan Séguéla cherche à sauver sa carrière et surtout sa peau. Et Jamel Debbouze, quasiment de tous les plans, surprend positivement dans ce rôle fébrile. Pas une petite blague en passant, pas une mimique pour faire sourire, le comique se révèle grave, tantôt inquiet, tantôt hargneux, tantôt bienveillant, tantôt menaçant. On découvre Driss jouant toutes les cartes qui pourraient lui permettre d’arriver à ses fins même s’il doit mettre de côté quelques-unes de ses valeurs, comme s’intéresser à son fils (Milo Marchado-Graner) qui ne demande que ça, ou « vendre » un jeune joueur à un club étranger alors que le gamin, certes très doué, n’a que l’envie de taper sur un ballon avec les copains. Toujours attachant, Jamel Debbouze parvient à nous faire croire en la sincérité de son personnage pris au piège.

Après Docteur ?, Un homme heureux et le succès de la série Tapie, Tristan Séguéla  signe un thriller oppressant et nous fait découvrir la situation complexe des joueurs et les aspects détestables du foot-business.   

photo : Ibane Ba

Birane Ba, star du foot

Dans le Mercato de Tristan Séguéla il y a une sorte de Mbappé, lui aussi pris dans la tourmente d’un transfert non désiré. Ce Felix Gassama est incarné par le Normand Birane Ba, pensionnaire à la Comédie-Française. 

Pour son quatrième film après La Prière, Athena et Je verrai toujours vos visages, le comédien vernonais se distingue dans quelques scènes brèves mais intenses et s’impose en star du foot qu’on serait tenté d’envier avant de réaliser que l’argent ne fait pas tout.