Si vous avez aimé Mercato de Tristan Séguéla, vous aimerez sûrement Les Arènes de Camille Perton qui, après des études en sciences politiques puis une formation d’un an à l’Atelier scénario, organisé par la Fémis, signe un premier long-métrage haletant, une sorte de pendant au film porté par Jamel Debbouze. C’est à voir dans les salles de cinéma à partir du mercredi 7 mai.
Dans Mercato, on suivait les déboires d’un agent cherchant à placer un de ses joueurs en échange d’une grosse somme d’argent qui lui permettrait de s’en sortir. Dans Les Arènes, on suit un jeune footballeur de 18 ans, dont le destin est en jeu dans cet univers où tous les coups, souvent bas, sont permis. Brahim (charismatique Iliès Kadri) est un joueur prometteur. Représenté par son cousin et agent Mehdi (l’attachant Sofian Khammes), il s’apprête à signer son premier contrat professionnel à Lyon. Alors qu’il est sur le point de réaliser son rêve, sa rencontre avec Francis (Edgar Ramírez, vrai séducteur), un puissant agent étranger, va remettre en cause ses certitudes, et peut-être même sa loyauté.
Camille Perton filme les coulisses du football français à l’heure où certains clubs pratiquent le trading, méthode qui consiste à recruter pour des sommes assez basse, de jeunes joueurs à fort potentiel, dans l’optique de les faire progresser rapidement et les revendre beaucoup plus cher après une ou deux saisons au plus haut niveau. Mais c’est l’envers du décor qui intéresse la réalisatrice. Ces jeunes hommes « achetés » et « revendus » qui n’ont pas leur destin entre les mains, sans oublier ceux qui désespèrent de pas avoir encore signé et qui végètent dans un centre de formation. La plupart ne deviendront jamais professionnels et leur vie sera brisée.
Camille Perton aurait pu en faire un documentaire mais elle a préféré la fiction où les fantasmes côtoient les déceptions, où les menaces insidieuses se glissent entre les jeux de séduction. Le spectateur s’attache vite aux deux cousins auxquels il est facile de s’identifier mais n’en reste pas moins sensible au mystère qui entoure Francis, tantôt séduisant, tantôt inquiétant. On ressent la pression qui pèse sur les épaules de Brahim, on s’inquiète de ses silences lorsque son cousin parle pour lui, puis de ses prises de paroles lors de négociations sensibles… On est avec lui, jusqu’à partager ses tourments. L’intériorité du jeune Iliès Kadri impressionne. Il donne à Brahim une présence silencieuse qui en impose face à des comédiens plus expérimentés comme Sofian Khammes, idéal pour croire en la connexion entre les cousins, et Edgar Ramirez, parfait pour susciter une attirance irrésistible.
- Les Arènes de Camille Perton (France, 1 h 34) avec Sofian Khammes, Iliès Kadri, Édgar Ramírez…