Une aventure transatlantique au MuMa

Symbole d’aventure et de modernité, le paquebot a été un facteur de développement économique. Il a aussi beaucoup fait rêver. Notamment les artistes qui ont été très inspirés par son esthétique. Le MuMa, musée d’art moderne André-Malraux au Havre, raconte jusqu’au 21 septembre l’enthousiasme suscité par ces géants des mers entre 1913 et 1942 lors de cette exposition, Paquebots, une esthétique transatlantique.

Le 29 mai 1935, Normandie quittait le port du Havre pour son voyage inaugural vers New York, en faisant une escale à Southampton. Pensé par l’ingénieur Vladimir Yourkevitch, il sortait alors des chantiers navals de Saint-Nazaire pour devenir un des plus célèbres paquebots transatlantiques. Normandie impressionne par ses dimensions (plus de 300 mètres de long), ses records de vitesse, ses innovations technologiques et séduit par sa ligne et ses aménagements luxueux. En septembre 1939, Normandie doit rester à quai dans le port de New York. Il est réquisitionné en 1941 pour le transport des troupes et termine en épave le 9 février 1942 après un incendie sous les yeux de son créateur.

Normandie, paquebot de légende, reste néanmoins le fleuron d’une industrie et le symbole moderne d’un mode de voyage d’une époque, aujourd’hui décrié. Les artistes ne sont pas restés insensibles à cette vie maritime. Peintres, photographes, écrivains, poètes, cinéastes, graphistes se sont inspirés de ces géants des mers pour produire une variété d’œuvres.

De la construction

En collaboration avec le musée d’arts de Nantes, le MuMa, musée d’art moderne André-Malraux au Havre, propose de parcourir à nouveau cette histoire quatre-vingt-dix ans après le premier voyage du Normandie. Premier chapitre : la construction. Une série d’images en retrace les différentes étapes jusqu’à la mise à l’eau. Les photographes vont ensuite porter un regard plus esthétique sur les navires pour s’intéresser à des points de détail ou des formes — une cheminée, une hélice, un hublot — pour créer des œuvres plus abstraites. Les peintres aux avant-gardes futuristes et cubistes représenteront également quelques fragments des bateaux pour en souligner toute la modernité et la beauté des lignes.

Avec de tels paquebots, les compagnies maritimes ont souhaité en faire la publicité, surtout communiquer sur les voyages pour attirer un plus large public. Les graphistes ne sont pas indifférents aux courants artistiques de la première moitié du XXe siècle. Le MuMa expose plusieurs affiches publicitaires. Il y a notamment la maquette avec le Normandie réalisée par Cassandre qui a créé les lettres.

À bord

Les artistes ont également observé les paquebots comme des villes flottantes. Ils portent un intérêt à la vie à bord, au mobilier et aux diverses activités. C’est une effervescence, mêlée d’une certaine insouciance, qu’ils représentent. Les photographes de mode y ont trouvé un nouveau décor. Jean Moral travaillera pour le magazine Harper’s Bazaar avec deux mannequins présentant des tenues de maisons de couture françaises.

Le début de la Seconde Guerre mondiale met fin à ces voyages, à un âge d’or de ces paquebots et à tout l’optimisme qui leur est inhérent. Il y a eu 31 traversées transatlantiques. Les échanges entre les continents sont stoppés. Certains artistes sont contraints à l’exil. Marcel Duchamp réalise une Boîte-en-valise, contenant ces œuvres en miniature, qui devient le symbole du basculement dans une nouvelle époque.

« Le Lancement de Normandie » et « Sur Le Plateau, atelier de la radicale » de Jules Lefranc

La maquette de l’affiche publicitaire par Cassandre

« Paquebot, Paris », Charles Demuth

Piscine intérieure du Normandie avec un plongeon de Johnny Weissmuller, anonyme

Cabinet à tiroirs pivotants et fauteuil transat d’Eileen Gray

« Île de France sortant du port du Havre » d’André Galland et « À Bord du Queen Mary » de Raoul Dufy

« Souvenir du Havre » de Raoul Dufy

« Le Remorqueur » de Fernand Léger

Infos pratiques

  • Jusqu’au 21 septembre, du mardi au vendredi de 11 heures à 18 heures, les samedi et dimanche de 11 heures à 19 heures, au MuMa – Musée d’art moderne André-Malraux au Havre
  • Tarifs : 10 €, 6 €, gratuit le premier samedi de chaque mois
  • Renseignements au 02 35 19 62 62 ou sur www.muma-lehavre.fr

Programme

  • Visite commentée les 18 et 25 mai, à 12 heures, les 15, 22 et 29 juin à 12 heures, les 3, 6, 10, 20, 24, 27 et 31 juillet à 12 heures, les 3 et 17 août à 14h30 et 16 heures, les 14, 21 et 28 août à 12 heures. Durée : 45 minutes
  • Visite Rafale : les 18 et 25 mai à 17h30, les 22 et 29 juin à 17h30, les 6, 20 et 27 juillet à 17h30, les 3 et 17 août à 17h30. Durée : 15 minutes
  • Visite en LSF : les 14 mai et 10 septembre à 17 heures. Durée : 30 minutes
  • Visite pour les enfants à partir de 7 ans : les 9, 16, 23 et 30 juillet à 14 heures, les 6, 13 20 et 27 août à 14 heures. Durée : 1 heure