Sam Sauvage : « j’aime me persuader qu’une jeunesse imagine un nouveau monde »

photo Hugo Lardenet

Difficile de résister au charisme de Sam Sauvage. Le jeune artiste a indéniablement une gueule, un look avec son costume-cravate et sa chevelure ébouriffée, une voix et une singulière manière de danser, tel un pantin désarticulé. Il y a surtout cette pop électro dansante, ces mélodies accrocheuses, une poésie décalée dans des textes qui montrent une attention aux autres et un certain sens de l’observation. Sam Sauvage, pseudo de Hugo Brebion qui a grandi dans le nord de la France, n’est pas seulement un contemplatif. Il décortique les traits de caractère et invite à la danse avant la fin du monde. Sam Sauvage est en concert au festival Cabourg, mon amour qui se tient du 19 au 21 juin sur la plage de Cabourg. Entretien.

Sam Sauvage, est-ce vous ou un personnage ou votre double ?

C’est moi. C’est une augmentation de moi qui est bien réelle. Je ne veux pas créer de personnage.

Vous avez eu un projet musical en groupe. Pourquoi avez-vous souhaité poursuivre une aventure musicale en solo ?

À la base, je suis plutôt en solo. J’écris tout seul. J’avais un groupe au lycée mais j’ai été viré. J’étais trop doux. Alors je me suis lancé tout seul et je me sentais mieux. Le métal, ce n’est pas ce qui me passionne. J’ai préféré m’intéresser à d’autres styles et surtout jouer avec mes capacités pour trouver mon style.

Est-ce que ce fut difficile ?

Oui, c’est le plus difficile. Les artistes qui se lancent sont en perpétuelle recherche de singularité. C’est ce qui fait qu’une chanson est écoutée, qu’un chanteur est identifié. Ce n’est pas la peine de faire du réchauffé. C’est bien aussi parce que cette recherche met en mouvement. J’ai trouvé petit à petit ma manière d’écrire.

D’où le titre de votre premier EP, Prémices.

Oui. Cet EP n’est pas le premier. Il est pour moi le numéro zéro. C’est une réelle recherche. Je voulais sortir un EP avec la volonté d’avancer et de commencer à faire des concerts. C’est le début de l’histoire. J’ai cherché longtemps. J’ai écrit tout le temps pendant neuf ans. Quand on se plante, cela fait éclore autre chose dans la façon d’écrire, d’interpréter, de poser ma voix. J’ai arrêté de me forcer, de chanter comme celui que l’on aime. Au début, c’est naturel. Après, on se cherche soi-même.

Êtes-vous un de ces « Garçons émotifs » ?

Bien sûr, comme plein de gens aujourd’hui. C’est pour cette raison que j’avais du mal à trouver ma place au lycée. J’ai eu la chance d’avoir une enfance heureuse. Après, ce fut plus compliqué avec mon physique — j’étais grand — et ma voix. Plus l’acné. J’ai essayé de trouver un moyen de m’en sortir avec la musique et la chanson.

Et la poésie aussi ?

Non, je n’ai pas la prétention de dire que mon inspiration vient de la poésie que j’ai lue. J’avais certaines facultés pour lire et je me suis reposé sur mes lauriers. Je m’en suis mordu les doigts après. J’essaie de rattraper mon retard.

Qu’est-ce qui vous émerveille ?

Ce qui me passionne, c’est être proche des gens. Mon inspiration est là. Ce sont les gens, notamment les marginaux, ce qu’ils font, comment ils vivent. Je les observe sans avoir aucun jugement sur eux. J’ai beau avoir un costard, des cheveux en bataille, je fais partie de ces gens-là et je n’ai pas de position supérieure.

Vous leur faites justement une belle déclaration d’amour dans Les Gens qui dansent.

Cette chanson, je la considère comme la moins écrite et la plus écrite. Elle est tout ce que j’aime. Dans une société, il y a des gens doux et d’autres, violents. Je ne cautionne pas la violence. Le tout est un équilibre. En fait, les gens font comme ils peuvent. Ils dansent malgré la fin du monde.

C’est un sujet qui revient dans vos chansons. Malgré tout, vous restez un optimiste.

Je suis un éternel optimiste. Nous avons grandi avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. On nous parle de guerre, de catastrophe… Face à ça, je rencontre toujours des personnes qui ont des projets à long terme. J’aime me persuader qu’une jeunesse imagine un nouveau monde.

Êtes-vous un rêveur ?

Oui, il faut l’être pour écrire des chansons. J’ai plein de rêves. J’aimerais avoir mille vies et exercer tous les métiers. Je rêve de situations, d’un monde idéal.

Êtes-vous un bon danseur ?

Non, je ne sais pas danser. Je ne suis pas très à l’aise avec mon corps. Quand j’ai commencé à faire des concerts, j’étais tout seul et il fallait que je bouge. À un moment, j’ai lâché prise et laissé mon corps s’exprimer. Ça fait du bien. J’ai l’impression d’être libre.

Et sauvage aussi ?

Oui, c’est un truc qui me parle énormément. Je suis tout le temps en réflexion. Est-on libre dans ce système, dans la musique, dans son corps ? C’est pour cette raison que j’ai choisi le nom de sauvage. Tout est encore possible.

La programmation de Cabourg, mon amour

  • Jeudi 19 juin : Jyeuhair, Daisy, Claude, Pamela, Crenoka, Michel Hubert
  • Vendredi 20 juin : Kazy Lambist, Riche, Chloé, Papooz, Camille Doe, Rori, Ajar, Édouard Bielle
  • Samedi 21 juin : Dylan Dylan, Saint DX, Chaton, Sam Sauvage, Contrecœur, Tao Mon Amour, Maïcee, Luns

Infos pratiques

  • Jeudi 19 juin à 19 heures, vendredi 20 et samedi 21 juin à 17 heures sur la plage de Cap Cabourg, au niveau du poste de secours n°5
  • Tarifs : de 40 à 15 €, de 69 à 59 € les trois jours
  • Réservation en ligne