////

Catastrophe : « La comédie musicale est un rêve »

photo Antoine Henault

C’est un groupe à géométrie variable qui multiplie les aventures musicales et s’amuse avec une ligne musicale allant de la variété à la pop orchestrale. Catastrophe aime les fantaisies, les ambiances psychédéliques. Gong ! est le titre de son nouvel album et d’une comédie musicale que les six musiciennes et musiciens jouent dans des costumes colorés, mercredi 7 octobre au 106 dans le cadre du festival Terres de Paroles. Un show pour juste arrêter le temps. Entretien avec Pierre Jouan, compositeur, chanteur et claviers.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de composer une comédie musicale ?

La comédie musicale est un rêve. Pour nous, c’est le médium parfait parce qu’il mélange la musique, la danse, la narration, les costumes, les lumières… J’ai aimé Starmania avec la musique de Michel Berger, les comédies musicales de Jacques Demy, composées par Michel Legrand. Il y a aussi West Side Story, Sunday in the park with George de Stephen Sondheim…

Qu’avez-vous aimé dans ces spectacles ?

Il y a une sorte de joie tragique. Dans les comédies musicales, on prend le monde tel qu’il est et on en tire le plus de joie possible. Par exemple, Les Parapluies de Cherbourg se joue sur un fond de guerre d’Algérie.

Est-ce qu’il vous manquait quelque chose lors des concerts ?

Il nous manquait cette espèce de show total. Dans les comédies musicales, tout le monde chante, danse, prend la parole. Nous avons l’impression d’aller encore plus loin, d’être de plus en plus nous-mêmes.

Gong ! est d’abord un album. Quelle histoire avez-vous écrite avec ces chansons ?

La narration se déploie vraiment sur scène. Gong !, c’est six personnages, l’inquiétude, le rire, la foi, le regard, la colère et l’ennui, qui se retrouvent pour essayer d’arrêter le temps. Nous avons l’impression que nos vies sont en permanence interrompues par des appels, des emails, des notifications venant des réseaux sociaux. Nous voulons pouvoir finir nos phrases. La clé : faire de la musique. Il est impossible d’arrêter une personne qui joue de la musique.

Comment avez-vous appréhendé cette autre échelle du temps ces derniers mois ?

Comme tout le monde, nous avons été bouleversés par cette période. Nous avons eu l’impression de vivre un ralentissement général des choses avec un temps plus étiré. Cela reste un moment tragique et nous essayons de le traverser en remplissant notre mission de musicien. Avec Gong !, nous souhaitons proposer un instant de joie à un public qui peut se rassembler. Quand nous donnons un concert, nous voyons bien qu’il y a un besoin de partager quelque chose ensemble. C’est important d’avoir à nouveau aujourd’hui ces lieux pour nous réunir. 

Est-ce que les personnages sont inspirés de vos caractères ?

Oui, ils sont inspirés de nous. Nous n’avons pas inventé des personnages mais nous sommes partis de nous. Ce sont des archétypes. Pablo est l’ennui. Il va vite s’éteindre lors d’une conversation qui ne lui plaît pas. Il devient absent. Blandine est l’inquiétude, Arthur, le rire, Carol, le regard, Bastien, la colère. Je suis l’ennui parce que je suis assez lunaire. Pendant le spectacle, tous vont évoluer. À force de faire des blagues, le rire va faire un burn-out. Quant à l’ennui, il va s’enflammer.

Est-ce qu’arrêter le temps rassure ?

Oui, c’est une façon de guérir une certaine inquiétude. Nous vivons dans un monde habité, obsédé par l’inquiétude. Il y aussi l’idée d’élargir l’horizon, d’ouvrir des fenêtres.

Infos pratiques

  • Mercredi 7 octobre à 20 heures au 106 à Rouen
  • Tarifs : de 16,50 à 8 €. Pour les étudiants : carte Culture
  • Réservation au 02 32 10 88 60 ou sur www.le106.com
  • photo Antoine Henault