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Gilles Vervisch à l’Armitière : la pop philo dans l’espace

Gilles Vervisch revient à Rouen mardi 3 novembre à l’Armitière pour parler de Star wars : la philo contre-attaque (Le Passeur), son dernier livre. Inévitablement, il porte un regard différent sur la philosophie…

 

livres ok Vervisch, Gilles (c) DRPersonne n’échappe à Star Wars. Le rouleau compresseur de l’espace laboure depuis 1977 – même s’il y a de sacrées coupures – et l’annonce de la 3e trilogie a provoqué au mieux des évanouissements. Tout ça pour quoi ? Pour voir des types en pyjama se battre avec des bâtons lumineux… De qui se moque-t-on ? Alors, si en plus on en fait le fondement d’un ouvrage de philosophie, où allons-nous ? Je vous le demande. Gilles Vervisch – né à Rouen et auteur également d’autres Ovnis éditoriaux tels Comment j’ai pu croire au Père Noël et Tais-toi et double ou encore Quelques grammes de philo dans un monde de pub, tous chez Max Milo éditions – démontre en 3 coups de cuillère à Platon et avec un style plutôt détendu que c’est possible et que ce n’est même pas si ridicule. Gilles Vervisch pose des questions fondamentales et met en parallèle des tranches de la saga galactique : le « côté obscur de la force » renvoie à « d’où vient le mal ? » ; « Que la force soit avec toi » à « comment philosopher au sabre ? »… Entretien.

 

Page 51, vous écrivez « Star Wars semble un peu trop manichéen : les méchants sont des Nazis et les gentils des cow-boys. Est-ce qu’on peut faire pire dans le genre ? »

En fait, Star Wars est beaucoup moins simpliste qu’il n’y paraît. Ce n’est pas si manichéen ; surtout les « personnages du milieu », Han Solo, Boba Fett… Et puis, George Lucas est quand même allé chercher un peu pour raconter son histoire. Je m’en suis rendu compte quand j’ai commencé à travailler sur le sujet. Et j’ai même dû me plonger dans la philosophie orientale que je ne connais pas très bien et à laquelle Lucas fait souvent référence. Ce livre, c’est un an de travail…

 

L’enthousiasme du fan ne perturbe pas trop le philosophe ?

Cela fait 20 ans que je fais de la philo mais j’ai connu Star Wars quand j’avais 10 ans. Alors, je dirais que non seulement, cela ne perturbe pas mais ça m’a plutôt inspiré, au contraire.

 

Vous avez fait 9 chapitres comme les 3 trilogies de la saga. Pourquoi ?

Ce n’est pas voulu. Au début, il y en avait 7. Mais je me suis aperçu que je n’avais pas tout dit. Et puis, je ne pouvais passer à côté de « Je suis ton père » qui pose directement la question : qui suis-je ?… Mais ce n’est pas non plus un manuel de Terminale ! Il y a des thèmes que Star Wars aborde très mal ou alors c’est inintéressant. Je pense à la vérité et à la théorie de la connaissance. Ou encore à l‘amour…

 

C’est fait pour dédramatiser la philo que vous enseignez d’ailleurs…

En cours, je lance une question et je vois comment les élèves réagissent. Ils accrochent sur des sujets de départ qu’ils connaissent. On peut alors se lancer sur les philosophes et sur les textes. C’est une manière de les amener à la philo. Et ça marche le plus souvent. Je laisse beaucoup de place à la maïeutique. Star Wars sert à ça aussi. D’abord, je remets bien la situation dans son contexte pour mieux comprendre. Et je fais un peu d’humour. C’est ma manière de tordre les situations pour montrer les paradoxes.

 

Et après ?

Le prochain ouvrage, ce sera un dictionnaire… (l’an dernier, Gilles Vervisch a déjà publié Le Dictionnaire des mots qui n’existent pas (Omnibus), ndlr)

 

Propos recueillis par H.D.

 

  • Rencontre avec Gilles Vervisch, mardi 3 novembre à 18 heures à L’Armitière à Rouen. Entrée libre.