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« Elephant Man » à l’espace Marc-Sangnier

photo Jean-Baptiste Mondino

C’est une création dans un tout nouveau lieu. David Bobée lance la saison de son CDN de Normandie Rouen avec Elephant Man, un texte de Pomerance qu’il met en scène à l’espace Marc-Sangnier à Mont-Saint-Aignan. Une histoire de monstre rempli d’humanité.

C’est une histoire installée dans notre imaginaire. Surtout à travers le film de David Lynch, sorti en 1980. Trois ans plus tôt, Bernard Pomerance, s’empare des mémoires du docteur Treves pour écrire une pièce de théâtre, Elephant Man. Le texte raconte la relation entre le médecin et Joseph Merrick qui souffre de multiples malformations dégénératives. Avant cela, le jeune homme né en 1862 est l’homme-éléphant, un être exhibé comme une bête de foire. Frederick Treves l’accueille dans son hôpital à Londres pour lui rendre son humanité mais aussi étudier le phénomène. David Bobée se confronte une nouvelle fois à un monstre. « C’est une figure qui subit les discriminations ». La pièce « met en avant des sujets comme le rejet de toutes les différences, un système qui peut désigner l’autre. Tout ce qui est différent nous semble monstrueux. Cela fait référence à la colonisation, à l’esclavagisme, au commerce des corps ».

Le metteur en scène et directeur du CDN de Normandie Rouen a confié le rôle d’Elephant Man à JoeyStarr. « C’est le propre du monstre. Il porte la violence qu’il a subie quand il était môme. C’est le vrai Elephant Man. La carapace qu’il s’est constitué est un moyen de défense. Or il est un être ultra sensible, fragile, brillantissime et cultivé ». JoeyStarr est face à un médecin, incarné par Christophe Grégoire, qui enlève Merrick des griffes de Norman, son « agent », pour mener des recherches et en tirer une certaine notoriété. Si les pauvres acceptaient de mettre quelques pièces pour découvrir le monstre dans une foire, les riches médecins se servent de leur position pour, eux aussi, découvrir le même monstre mais gratuitement. « Le médecin, c’est nous. Il n’est pas mauvais. Il est le résultat de son époque. Il pense faire le bien. Il le fait depuis son endroit basé sur un système de domination. Il se fait ébranler dans sa conception du bien et du mal et révèle la violence du monde moderne ».

Merrick trouvera du réconfort grâce à Mademoiselle Kendal (Béatrice Dalle), une actrice de théâtre très connue qui s’émeut du sort de cet homme. Après la compassion, il y aura une relation amoureuse platonique entre les deux personnages. Pendant tout ce temps, Elephant Man acceptera d’entrer dans les codes, de montrer l’image que les autres attendent. Jusqu’à ce que Mademoiselle Kendal soit pointée du doigt. Une réaction impossible pour Elephant Man qui explose. « Parfois, être un animal est une façon d’affirmer son humanité. La colère est une arme importante pour imposer le respect. Le racisme provoque la colère. C’est un sentiment noble qui construit ».

Infos pratiques

  • Jeudi 26 et vendredi 27 septembre à 20 heures, samedi 28 septembre à 18 heures à l’espace Marc-Sangnier à Mont-Saint-Aignan. 
  • Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation du vendredi 27 septembre
  • Représentations complètes