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Jean-François Novelli : « Il y a une vraie alchimie entre la voix et l’orgue »

Dans cette bibliothèque, il aurait pu y avoir des œuvres de Marc-Antoine Charpentier, Henry Dumont, Louis Couperin, Sébastien de Brossard, Joseph Valette de Montigny… Le ténor Jean-François Novelli et Fabien Armengaud, organiste, ont imaginé le répertoire personnel de Jean-Baptiste Matho (1663-1743), célèbre taille de la chapelle royale et maître de la musique du roi. Ils se produisent lundi 17 août en ouverture du festival de musique ancienne à Arques-la-Bataille. Entretien avec Jean-François Novelli.

Qu’est-ce qui vous a amené à la musique baroque ?

J’ai commencé la musique avec la flûte à bec. Cette pratique m’a amené à jouer beaucoup de musique baroque. Comme j’avais les codes et les configurations vocales, tout cela s’est fait naturellement. Les rencontres au conservatoire, avec notamment William Christie, m’ont permis de participer à divers projets autour de la musique baroque. J’ai toujours la même passion pour elle.

Qui était Jean-Baptiste Matho ?

C’était un des plus grands chanteurs de son époque, le grand chantre de Versailles, qui a vraiment valorisé cette voix de taille. Il a développé tout un répertoire, surtout pour l’église. La voix de taille est celle de la présence humaine. Elle est moins dans la représentation. Dans le trio d’hommes, il y avait la taille, la voix centrale, chaude, aussi la haute-contre, la voix du héros, la basse-taille, celle du patriarche.

Comment avez-vous imaginé la bibliothèque de Matho ?

Le point de départ est le projet d’un disque avec Fabien Armengaud, chef de chant, que je connais très bien. Nous avons imaginé cette bibliothèque qui aurait pu être celle de Jean-Baptiste Matho. Celle-ci comprend des œuvres qui présentent les différentes facettes de la voix de taille. Pour le récital, nous n’avons pas souhaité nous enfermer dans une période mais traverser des époques avec des surprises.

Dans cette bibliothèque devait figurer Marc-Antoine Charpentier ?

Oui, il est un incontournable. Il était un des plus grands auteurs de ce siècle français. Il a écrit beaucoup de pièces pour voix seule. Nous avons passé des journées à défricher les musiques et nous continuons encore. Il y a un corpus important. Nous voulons être dans la pureté de la voix et de l’orgue. C’est, pour nous, un concert singulier parce que nous sommes des amis musiciens de longue date. Il y a une vraie alchimie entre la voix et l’orgue.

Est-ce que Henry Dumont est l’autre compositeur incontournable ?

Oui, il a écrit une musique magnifique. Notre souci a été de trouver un équilibre dans le répertoire afin que ce concert soit le reflet d’une période riche de belles musiques.

Pour ce concert s’intitule Silentium, Silence ?

C’est le début du texte du Cantique des cantiques, une pièce très théâtrale, un motet très complet avec une poésie qui nous bouleverse. Le silence est le contraire de la musique et il la rend plus noble.

Infos pratiques

  • Lundi 17 août à 20 heures en l’église d’Arques-la-Bataille. 
  • Tarifs : de 20 à 10 €, gratuit pour les moins de 18 ans
  • Réservation au 02 35 04 21 03 ou sur www.academie-bach.fr
  • Port du masque obligatoire pour l’entrée dans l’église
  • photo Jean-François Novelli © Florence Levillain

Le programme du festival de musique ancienne

  • Mardi 18 août : Il Violina Suona par Clematis avec Stéphanie de Failly, Amandine Solano et Brice Sailly
  • Mercredi 19 août : Laissez durer la nuit par Les Épopées avec Claire Lefilliâtre, Julien Léonard et Stéphane Fuget
  • Jeudi 20 août : Trilogue par Les Musiciens de Saint-Julien avec François Lazarevitch, Lucile Boulanger et Justin Taylor
  • Vendredi 21 août : Les Divines Longueurs par L’Armée des romantiques avec Girolamo Bottiglieri, Emmanuel Balssa et Rémy Cardinale
  • Samedi 22 août : Quoi de neuf ? Bach ! Par Pierre Hantaï
  • Dimanche 23 août : Jesu Meine Freude par Vox Luminis et Bart Jacobs
  • Lundi 24 août : La Flor en paradis par Tasto Solo avec Ann-Kathryn Olsen, David Mayoral et Guillermo Pérez
  • Mardi 25 août : Nectar (rêveries et ivresses autour du violon seul) par Hélène Schmitt