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Jenny Daviet : « aujourd’hui, on doit travailler très vite »

Jenny Daviet a fait partie de La Compagnie, la troupe de jeunes solistes de l’Opéra de Rouen Normandie. Pendant deux ans, on l’a vue dans diverses productions telles que Carmen, L’Enlèvement au sérail, Lolo Ferrari, Dido and Aeneas, La Finta Giardiniera… Voix remarquable, des interprétations sensibles, un sens de la comédie, elle est proche du répertoire de Mozart. Jenny Daviet se produit également avec Les Siècles, Le Balcon. Pour les Musicales de Normandie, elle présente deux programmes complètement différents : un répertoire de café-concert avec le pianiste Alphonse Cemin samedi 5 août à Varengeville-sur-Mer, des airs de concerts italiens avec Frédéric Hernandez, clavecin, et Baptiste Andrieu, contrebasse, jeudi 24 août à Saumont-la-Poterie. Entretien.

Que retenez-vous de ces deux années passées au sein de la Compagnie de l’Opéra de Rouen Normandie ?

Ce fut une super expérience, un véritable tremplin. La venue à Rouen marque le début de ma carrière. Avec la Compagnie, j’ai appris la scène. Ce qui est impossible au conservatoire. La scène, on l’apprend seulement en la pratiquant. A l’Opéra, j’ai été sur quasiment toutes les productions. J’ai eu des rôles qui me correspondaient. Même si je suis souvent qualifiée de mozartienne, j’ai pu élargir mon répertoire. Sans cette expérience, je n’aurais jamais pu aborder de cette manière le rôle de Mélisandre dans Pelléas & Mélisandre de Debussy. C’est une belle récompense pour moi. C’est mon premier rôle sur une scène internationale, l’Opéra de Malmö en Suède. Le fait d’être passée par la Compagnie donne également une réelle crédibilité parce que l’on travaille avec différents chefs qui pensent ensuite à nous lors des auditions. Cela donne surtout confiance en soi. C’est important car, aujourd’hui, on doit travailler très vite. Comme un artiste qui a de l’expérience.

Vous sembliez pourtant à l’aise sur la scène de l’Opéra.

Oui mais pas intérieurement. J’ai encore des doutes. En commençant à travailler sur Mélisandre, j’ai vu la différence. Mon passage dans la Compagnie m’a permis de gagner du temps. Un premier rôle, c’est très compliqué. Là, j’ai pu aller chercher autre chose. Ce que j’avais remarqué lors de mon travail sur Carmen. J’ai vu Vivica Genaux être dans une recherche, aller très loin. Elle mettait de sa personnalité dans ce personnage de Carmen. Tout cela, on l’apprend au contact des plus grands.

Pour les Musicales de Normandie, vous proposez un autre répertoire, celui des cafés-concerts. Pourquoi celui-ci ?

Avec Alphonse Cemin, nous avons abordé ce répertoire au début de l’année 2017 lors d’un festival en Colombie. Nous avons repris des pièces des compositeurs de la fin du XIXe et du début du XXe siècles. Un programme tout en légèreté qui offre des moments de fraîcheur. Nous avons eu envie de retrouver l’ambiance des cafés-concerts.

Quels compositeurs vous tenaient à coeur ?

Il y a notamment Henri Christiné que je connaissais pas. Il a écrit des chansonnettes, de l’opérette, des textes qui sont d’une grande modernité. C’est typiquement français et parisien, léger et drôle. Quand j’ai écouté sa musique pour la première fois, j’ai vu l’époque. Je me suis imaginée dans un café, dans un décor du début du XXe siècle.

Pour le second concert, vous changez d’atmosphère.

Oui, nous avons choisi un programme italien. Cela n’a pas été simple parce que nous jouons dehors. Il a fallu trouver un répertoire pouvant être interprété à l’extérieur. Ce sont des airs de concerts de Vivaldi, de Strozzi, peut-être Corelli. Ce sera à la fois gai et mélancolique.

  • Samedi 5 août à 20h30 au bois des Moutiers à Varengeville-sur-Mer. Tarifs : 15 €, 12 €. Réservation au 09 53 23 27 58 ou à musicales.normandie@gmail.com
  • Jeudi 24 août à 16h30 sur le Pont de Coq à Saumont-la-Poterie. Concert gratuit.
  • Programme complet des Musicales de normandie sur www.musicales-normandie.com