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Les Deux-Rives à Rouen : l’histoire d’un théâtre

Deux Rives pour un théâtre, c’est toute l’aventure artistique menée par la Compagnie des 2 Rives de 1972 à 2007 racontée par deux auteurs. Au cœur de cette histoire, il y a Alain Bézu, metteur en scène, directeur du théâtre des 2 Rives jusqu’en 2007. Les éditions Points de vue fêtent la sortie de l’ouvrage vendredi 20 novembre à Rouen.

 

Alain BezuAlain Bézu a vidé la moitié de son grenier. Pendant 35 ans, le metteur en scène y avait rangé précieusement toutes ses archives : les cahiers de mise en scène, des photographies, des bandes son, les dossiers de presse des spectacles… Toute la vie et surtout toute la mémoire de la Compagnie des 2 Rives qu’il a fondée et du théâtre des 2 Rives, devenu centre dramatique régional, qu’il a ouvert. Tout se trouve désormais aux Archives départementales de la Seine-Maritime.

 

Deux Rives pour un théâtre, un ouvrage des éditions Points de vue présenté vendredi 20 novembre au théâtre des Deux-Rives à Rouen, retrace toute cette histoire. Alain Bézu n’a pas souhaité l’écrire. « Il ne m’appartient pas de dresser ma statue ». Joseph Danan, écrivain, dramaturge, compagnon de route d’Alain Bézu, et Marco Consollini, écrivain, critique dramatique, tous deux professeurs à l’institut d’études théâtrales, qui sont les auteurs de ce livre de 240 pages, riche de plus de 350 illustrations. Le premier s’est penché sur l’histoire artistique, le second, sur le volet institutionnel.

 

Transmettre

Dans cette histoire, il y a beaucoup d’amour. Tout d’abord celui des textes. « Il me vient de mon père, professeur de Lettres. Sa bibliothèque était une chose sacrée. Il était abonné à la revue d’Aragon, Lettres françaises. Je lui dois la vocation du théâtre. Jean Vilar a toujours été mon modèle. La mort de Gérard Philipe m’a marqué fortement ». Le texte a toujours été au centre des créations d’Alain Bézu.

 

Pendant toutes ces années, il y a eu aussi le bonheur de créer ensemble. Le metteur en scène rouennais a su préserver la flamme de la troupe. « Nous voulions raconter des histoires ensemble avec un héritage de 1968 très prononcé. Nous avions à l’esprit cette idée que le théâtre puisse jouer son rôle dans notre désir de chambouler le monde. Il y avait un volet politique dans notre démarche même si le contenu politique n’était pas explicite dans la création ».

 

La compagnie s’est formée autour d’Alain Bézu, le plus âgé mais seulement de quelques années, s’est agrandie, plutôt que renouvelée. Fidèle, Alain Bézu ? « C’est un mot qui me convient. Quand on se connaît, on travaille plus vite, on approfondit les choses ». Tous ces comédiens ont aussi partagé leur talent ailleurs. « Je ne suis pas exclusif. Je suis fidèle mais on peut me tromper ». La question de la transmission a ainsi été très importante dans le parcours d’Alain Bézu qui avait fondé une école.

 

Un parcours qu’il a dessiné au fil des saisons. « Comme un spectacle. En fait, on sait ce que l’on ne veut pas, où on ne veut pas aboutir. C’est un chemin, un mouvement. Il ne faut pas oublier que l’on est dans l’humain. Je me suis toujours méfier des formes, dans ce qu’elles ont de figer. Ma vie n’a pas été dans des formes. Elle est allée au gré du vent, avec des constantes » parce qu’Alain Bézu est un homme de convictions.

 

  • Vendredi 20 novembre à 20 heures au théâtre des Deux-Rives à Rouen. Réservation au 02 35 89 46 54. Rencontre avec les auteurs, Joseph Danan et Marco Consollini, avec Alain Bézu.