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# 5 | Les syndicats appellent à la solidarité

De leur côté, les syndicats du secteur culturel se mobilisent pour éviter une crise majeure et préconisent plusieurs mesures essentielles au maintien des activités. Tous en appellent avant tout à la solidarité.

Les réunions entre divers syndicats se multiplient via les réseaux sociaux pour faire face à cette situation inédite et assurer la pérennité d’un secteur culturel fragile depuis plusieurs années. Depuis vendredi 13 mars, les lieux culturels sont fermés au public, aux équipes et aux artistes. L’Union syndicale des employeurs publics du spectacle vivant (USEP-SV) qui réunit Les Forces musicales, le SNSP (syndicat national des scènes publiques), le Syndeac (syndicat national des entreprises artistiques et culturelles)  et le Profedim (syndicat professionnel des producteurs, festivals, ensembles, diffuseurs indépendants de musique) appellent avant tout à la « responsabilité » et la « solidarité ».

« 100 000 € en moins »

Aujourd’hui, il est encore trop tôt pour faire un bilan complet. D’autant que l’on « ne sait pas combien de temps cette période va durer. Si on peut reprendre l’activité début mai, c’est encore gérable », estime Philippe Chamaux. Tant de jours sans activité auront inévitablement des conséquences économiques et sociales. « Pour certains, un mois de billetterie en moins, c’est 100 000 € en moins », rappelle le directeur adjoint du CDN de Normandie Rouen et représentant du Syndeac.

Dans cette situation inédite, « les difficultés sont techniques et multiples en raison de la diversité des structures. Par exemple, une grande partie des orchestres et opéras sont sous droit public et ne relèvent pas de l’assurance chômage. Il faudra trouver d’autres formes. Pour les intermittents, il faudra que ce soit une période blanche », explique Loïc Lachenal, directeur de l’Opéra de Rouen Normandie et président des Forces musicales.

Même remarque de la part de Marie Valentin-Dubuisson, représentante du SNSP, directrice du théâtre Charles-Dullin à Grand-Quevilly et du centre Voltaire à Déville-lès-Rouen : « les cas de figures sont tellement différents. Si vous êtes en régie, le circuit des décisions est plus compliqué. Dans les conseils d’administration des associations, c’est plus rapide ».

Un fonds d’aide

Dans l’urgence, il y a une première mesure à prendre : « la création de fonds d’aide pour assister les structures », annonce Loïc Lachenal. Dans son communiqué, l’USEP-SV demande au ministère de la Culture de « jouer son rôle de prescripteur, auprès des professionnels qu’il soutient en premier lieu et en concertation avec eux, mais aussi dans le cadre d’une politique harmonisée avec l’ensemble des financeurs publics de la culture, pour garantir un plan de sauvegarde de nos structures ».

Autre préconisation : le « versement immédiat de l’intégralité des subventions » par le ministère de la culture et des collectivités territoriales « afin de préserver les budgets et les trésoreries des structures, et de limiter le choc de redémarrage dont les effets de longue traîne pourraient fragiliser les projets ». Marie Valentin-Dubuisson le martèle : « Il est important que les collectivités participent à cette démarche de soutien des lieux pour que nous, structures, puissions nous engager à un soutien des compagnies et des artistes ». 

Avec le public

Rémunérer les artistes, c’est en effet une préoccupation majeure. Loïc Lachenal cherche à « honorer ses contrats ». Quant à Philippe Chamaux, il se demande « qui paiera les spectacles prévus. Il est indispensable de ne pas mettre les compagnies en difficulté ». La directrice du théâtre Charles-Dullin et du centre Voltaire n’oublie pas « tous ceux que l’on fait vivre. Il y a les hôtels, les restaurants, les taxis. Tout ce secteur va aussi souffrir ». C’est toute une chaine qui s’est brisée. « Cette crise le démontre une nouvelle fois. Nous sommes tous dépendants et interconnectés. Et ce, au niveau européen. À l’Opéra, l’orchestre change de chef à chaque production. Toutes ces personnes circulent sans cesse. Quand la machine se grippe, tout s’écroule », explique Loïc Lachenal.

Avec des lieux fermés, se pose aussi la question du public. Le directeur de l’Opéra de Rouen Normandie est certain : « nous ne pourrons pas nous relever sans lui quand nous rouvrirons nos théâtres ». Quelles seront les attentes, les envies ? Difficile de répondre à cette question. Mais il y aura « besoin d’organiser la rencontre avec les artistes qui auront toujours envie de jouer ».