L’orchestre régional de Normandie attend et imagine plusieurs scénarios

photo : Jérôme Prébois

L’orchestre régional de Normandie tente d’écrire son avenir dans un climat d’incertitude. Aujourd’hui, il s’évade avec Charlie Chaplin.

« Tout s’est effondré comme un château de cartes ». Depuis la mi-mars, Pierre-François Roussillon a vu les dates de concert s’annuler mois après mois. En juillet, les festivals n’auront pas lieu non plus. Le directeur général de l’Orchestre régional de Normandie n’écarte pas l’idée de proposer des concerts de musique de chambre en formation très réduite. « Il faut imaginer un autre répertoire pour des duos ou trios ».

À ces propositions surviennent plusieurs interrogations. La première : l’accueil du public. « L’été, les concerts se donnent le plus souvent dans les églises mais nous ne savons pas s’il est possible de réunir un public en toute sécurité avec du gel, des masques et un respect de la distanciation sociale ». Autre questionnement : les répétitions. « Nous n’avons pas encore un cadre sanitaire précis qui nous permettrait de reprendre une activité. Il y a notamment le travail spécifique des instrumentistes à vent. Peut-on les faire travailler ensemble, aussi avec les instrumentistes à cordes dans une même salle ? Peut-on les faire jouer dans un lieu ? »

Pierre-François Roussillon regarde également plus loin et tente d’anticiper la rentrée. L’Orchestre régional de Normandie est une formation nomade et « nous dépendons des décisions des directeurs de lieu. Nous sommes dans une période de réflexion totale et imaginons des plans B. Aujourd’hui, ce n’est pas simple », confie le directeur, dans une position d’attente inconfortable. « C’est maintenant qu’il faut nous dire ce que sera la rentrée. À un moment, il faudra prendre une décision. Nous devons nous organiser. En juin, il sera déjà trop tard. On ne peut pas laisser tout un secteur dans une interrogation. Cela pèse ». Qu’en sera-t-il alors de la prochaine création de l’Orchestre régional de Normandie, La Belle et la bête de Philip Glass prévue pour l’automne 2020 au Théâtre de Caen ? Pas de réponse.

Chacun chez soi avec son instrument

La vie de l’Orchestre régional de Normandie n’est pas en danger. C’est une institution bien solide depuis sa fondation en 1982 avec des projets musicaux originaux et ses 200 dates chaque saison. L’inquiétude viendra peut-être plus tard, pour les prochaines saisons s’il subit des restrictions budgétaires. 

La fin de la période de confinement est arrivée et les 18 musiciens et musiciennes ne savent pas quand ils pourront répéter et jouer ensemble. « Chacun travaille son instrument individuellement chez soi. Tous restent plein d’appétit. Il y a une vraie attente de répétition, de concerts pour retrouver le public, pour présenter de nouveaux répertoires ». 

Pour préserver ce lien, l’orchestre régional de Normandie a enregistré deux vidéos. Une première vient apporter un soutien à tous les soignants et préserver une flamme d’espoir. Quant à la seconde, elle réunit les musiciens et musiciennes, le chef principal, Jean Deroyer qui dirige avec un invité surprise. Ensemble, ils reprennent dans une nouvelle version la partition écrite par Cyrille Aufort pour le court métrage de Charlie Chaplin, L’Évadé.

https://www.youtube.com/watch?v=xovbcNBG6ZM

Photo : orchestre régional de Normandie © Jérôme Prébois