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Théâtre au CDN : Armel Roussel démonte « Ondine »

photo Lara Bongaerts
photo Lara Bongaerts

Il y a eu Ondine présentée en 1974 par la Comédie-Française avec Isabelle Adjani. Armel Roussel a très longtemps pensé à cette œuvre de Jean Giraudoux avant d’en concevoir une lecture décapante, présentée les 9 et 10 avril au CDN de Haute-Normandie. Le metteur en scène de la compagnie [e]utopia3 a ainsi imaginé une Ondine (démontée), une pièce en 3 actes avec 3 univers et diverses théâtralités où la fille des eaux accepte de partir dans le monde des humains pour vivre son amour avec un chevalier. Explication avec Armel Roussel.

 

 

 

Vous avez longtemps attendu avant de travailler sur Ondine. Vous fallait-il traverser diverses œuvres ?

Pas uniquement. Pour monter Ondine, il faut être libre. Quand j’ai évoquez pour la première fois cette œuvre, tout le monde croyait que c’était une blague. Ondine est une vieillerie ringarde. Giraudoux n’est pas à la mode. Le plus souvent, cette pièce est montée au lycée lors du spectacle de Noël. Je voulais avoir la capacité, toute liberté de lire Ondine sans craindre une forme de regard. Je voulais être libre de ce que les autres peuvent penser.

 

Quelle a été votre démarche ?

Ma démarche n’a pas été de restituer la pièce telle qu’elle a été écrite, encore moins de réhabiliter Giraudoux. Ondine est une pièce de 1930 très codifiée avec beaucoup de personnages. Je l’ai découverte sur une vidéo avec Adjani qui est déjà complètement décalée. Je n’ai pas eu une approche classique. En fait, j’ai cherché une chambre d’échos.

 

Que signifie démonter ?

C’est réinterroger, comment réinterroger une pièce. On va digresser, démonter pour aller chercher à l’intérieur ces chambres d’échos.

 

Est-ce que Ondine est seulement une histoire d’amour ?

C’est un double chant d’amour, au théâtre et à l’amour. Oui, c’est une histoire d’amour mais elle n’est pas la finalité. Dans le premier acte, on est dans le monde des Ondins, donc irréel. Il faut le traiter avec l’histoire du théâtre. On se joue des vieux codes et on se retrouve dans un univers fantastique. Il y a la rencontre avec ce chevalier qui est frappé par la pureté des sentiments. Le deuxième acte se déroule dans le monde des humains. C’est l’histoire de leur relation. Or, Ondine ne sait pas mentir. La question est alors : comment vivre quand on n’a pas les codes ? Il est possible de se mettre un masque pour survivre et être en équilibre dans l’organisation sociale. Mais tout le monde en fera les frais.

 

 

Quelle est la particularité de ce personnage, Ondine ?

Elle n’a pas les codes parce qu’elle n’est pas une humaine. Elle ne comprend donc pas que l’on est pu inventer des codes absurdes. Elle s’en accommode. La pièce parle de cette manière dont on finit par accepter des choses, par se résigner.

 

Ce n’est pas une rebelle.

On peut en faire une rebelle ou une révolutionnaire. Mais ce personnage est plus proche de nous. Nous avons du mal à être des rebelles et des révolutionnaires. En fait, c’est sa naïveté qui est rebelle et révolutionnaire parce qu’elle est en acceptation des choses qui peuvent paraître absurdes. Elle est aussi une étrangère dans ce monde des humains. Elle arrive avec des appétits et de l’amour et elle finit par être rejetée.

 

 

  • Jeudi 9 et vendredi 10 avril à 20 heures au théâtre de La Foudre à Petit-Quevilly. Tarifs : 18 €, 13 €. Réservation au 02 35 03 29 78 ou sur www.cdn-hautenormandie.fr
  • Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation du vendredi 10 avril