Dans La Loge de Marie-Hélène Labat

C’est La Loge des auteurs photographes, un nouvel espace que Marie-Hélène Labat a ouvert à Rouen pour les artistes contemporains. On y expose et on y échange.

« Nous sommes très nombreux. La particularité à Rouen : il y a non seulement beaucoup de photographes et aussi beaucoup de très bons photographes ». Mais trop peu de lieux pour découvrir leurs travaux. Marie-Hélène Labat a ouvert La Loge, un espace dédié à la photographie contemporaine au 23 de la rue Victor-Hugo à Rouen. « J’avais ressenti une véritable attente ». La Loge est une galerie d’expositions « pour l’instant. Je souhaite qu’elle soit surtout un lieu de rencontre pour connecter les artistes et les inciter à porter ensemble des projets ».

La photographe rouennaise a ainsi donné une impulsion à une idée qu’elle avait « en tête depuis longtemps » avant de la confier à une association. « Sa mission est de gérer les expositions. Quant à la programmation, elle est effectuée par le conseil des photographes. C’est toujours mieux de réfléchir à plusieurs ». 

Marie-Hélène Labat a commencé la photographie aux côtés de son père. « Artiste peintre, fan de photos, il a acheté et revendu de nombreux appareils. Il m’a initié. J’ai vu beaucoup d’expositions et je photographiais. Il n’était alors pas question d’en faire mon métier ». Puis, il y a eu « un choc » : une série d’images sur des mineurs en Amérique du Sud. « J’ai été parcouru par une émotion de la tête au pied. Visuellement, c’était très fort. Les lumières étaient intenses. On pouvait partager la souffrances de ces hommes, ressentir leurs conditions de travail horribles. Dans ma tête, il y a eu un déclic : j’ai eu envie d’aller à la rencontre des gens qui ont une vie différente de la mienne. J’avais besoin connaître l’autre ».

De Rouen jusqu’en Chine

La photographe commence dans la presse nationale, part alors pour un reportage sur le commerce entre la Chine et la Russie. Un ennui de santé la cloue dans un hôpital pendant 13 jours. Elle revient avec peu d’images et une impression d’échec. « Je devais rebondir ». Autres directions : les pays de l’Est de l’Europe, le Togo, le Québec, sur les Rives du Saint-Laurent… « Travailler me demande du temps. J’ai besoin de passer un long moment avec les gens, de gagner leur confiance ». 

Marie-Hélène Labat n’en oublie pas sa région avec un travail sur l’érosion des falaises et sa ville. Elle a passé deux ans dans des foyers d’accueil pour personnes sans abri. « Là, j’ai été confrontée à la déchéance humaine. Cela m’a beaucoup questionné. Je me suis demandée ce que je venais faire ici, qu’est-ce que je pouvais leur apporter. Les relations que j’ai nouées ont été très fortes ». Elle a ouvert d’autres champs avec le portrait. Depuis douze ans, elle propose à des habitants d’adorer un arbre et d’être photographié devant.

Le travail de Marie-Hélène Labat est avant tout documentaire. La photographe se place en tant que témoin d’une réalité, d’une actualité, surtout d’une évolution qui bouleverse la vie des hommes dans leur environnement. 

Une première exposition

C’est Colombe Clier qui inaugure La Loge avec une série de photographies sur le lait jusqu’au 3 mars. Des natures mortes aux lumières contrastées influencées par l’histoire de la peinture. Parmi, il y a une grande fresque dans laquelle la photographe rouennaise revisite la Cène de Léonard de Vinci. Elle se met en scène, prend les pauses de différents personnages démontrant tous les bienfaits du lait. Là, pas de contraste mais une blancheur, symbole de pureté.

Infos pratiques

  • La Loge, 23, rue Victor-Hugo à Rouen est ouverte les vendredis de 14 heures à 19 heures, les samedis de 10 heures à 19 heures et le dimanche de 10 heures à 13 heures.
  • Entrée libre