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Thomas Fersen au Trianon : « Il faut faire le sacrifice de son personnage »

Il est chanteur, conteur, fabuliste. Il peut être tendre, espiègle, malicieux, fantaisiste. Thomas Fersen amuse avec un bestiaire qui ne cesse de s’agrandir. Des histoires d’animaux pour pointer les travers des femmes et des hommes, pour décortiquer la nature humaine. Thomas Fersen a publié début 2017 son dixième album, Un Coup de queue de vache, le premier à compte d’auteur. On retrouve là tout ce qui lui est singulier : des personnages pittoresques, des situations rocambolesques, des compositions au charme désuet. Il sera vendredi 20 octobre au Trianon transatlantique à Sotteville-lès-Rouen.

Est-ce que la ferme est le meilleur lieu d’observation ?

Je ne dirais pas cela. La ferme, c’est un fantasme de conteur. J’ai commencé à écrire une chanson sur une petite fille qui retrouvait plus tard dans les bras de son amoureux les sensations ressenties lorsqu’elle donnait à manger et à boire à un animal. Après, j’ai inventé un environnement à cette petite fille dans un esprit de conteur.

Un Coup de queue de vache, c’est pour faire mal ?

C’est avant tout une expression qui sonne. Une expression rurale pour désigner quelqu’un qui a perdu la boule. C’est une chanson sur le chanteur que je suis. Je me moque de moi. J’aime bien me moquer de moi. C’est ma conception du spectacle. Il faut faire le sacrifice de son personnage. Sur scène, il faut accepter de faire le guignol, de jouer avec soi et son image. J’incarne des personnages qui sont singuliers.

 

 

Êtes-vous tenté par le théâtre ?

Oui, j’aimerais bien. J’ai toujours eu le goût du théâtre. Petit, je jouais tout seul dans ma chambre. Depuis plusieurs tournées, je mêle les chansons chantées et les textes parlés. Je développe ce genre de spectacle parce que je me sens bien dans cet exercice. Je trouve que les perspectives sont plus vastes. C’est très enthousiasmant d’étendre le champ des possibles. Pour revenir à la question : j’aimerais vraiment pénétrer dans le monde du théâtre. Les portes s’ouvrent petit à petit. Mais, en France, il y a tellement de préjugés. Puis, je suis toujours tiraillé. J’ai mes propres projets, mes créations et j’ai la chance de pouvoir les mener. Cependant, le travail ne me fait pas peur. Il faut juste que j’aime incarner le personnage et que le projet me fasse grandir.

Qu’est-ce qui vous a amené vers cette nouvelle écriture ?

La chose s’est faite naturellement. Un jour, j’ai commencé à écrire et c’est un texte qui est apparu. En fait, quand j’écris, je ne pense pas forcément chanson. Au départ, je ne rêvais pas de devenir chanteur. Je préférais jouer la comédie.

Vos textes évoquent des images. Est-ce toujours une façon de prôner l’imaginaire ?

On ne peut s’empêcher de penser. Mais tous les travers d’une époque ne mérite pas notre attention.