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New York façon Delerm

photo : Hermance Triay

Il est l’observateur de l’instant et trouve dans chaque parcelle de temps, une vie infinie… Mais quand Philippe Delerm parle de New York, il parle de ce qu’il ne connaît pas. Et il le fait très bien. New York sans New-York (Le Seuil), n’attachez pas vos ceintures. Décollage immédiat…

Si le groupe Téléphone criait – il y a bien longtemps – « Un jour,  j’irai à New York avec toi », la Grosse Pomme est devenue depuis une destination assez commune dans l’agenda des globe-trotters. Sauf pour Philippe Delerm qui n’y est jamais allé. Et qui promet solennellement de ne jamais y aller. « Que ne ferait-il pour que l’on parle de lui… ?!  », direz-vous. En fait, point du tout : le choix délibéré de l’écrivain n’est pas une posture. Plutôt, une « protection ». « J’ai toujours refusé d’aller là-bas, explique Delerm ; d’abord parce que cette ville est sans doute trop brutale pour moi. Mais aussi pour que ma vision de New York ne soit pas gâchée par la réalité. Car j’ai beaucoup de choses en moi de new-yorkais… » Beaucoup d’images – photos, films – qui ont essaimé partout et participé au mythe, faisant de la ville qui ne dort jamais la plus célèbre au monde.

« Je me sens aussi peu new-yorkais qu’il est possible de ne pas l’être »

« J ‘ai toujours su que j’étais fait pour regarder, pas pour apprendre ni comprendre » analyse crûment l’auteur pour justifier le périple dans lequel il emmène son lecteur. Un périple qui passe par les buildings, Dickens, Wall Street, Simenon, James Dean, les gravures d’histoire-géo du cours élémentaire, Woody Allen, Coney island, les skyboys qui ont construit les buildings, Simon and Garfunkel… 

Un inventaire pas plus exhaustif qu’objectif, donc, mais dans lequel tout le monde se retrouvera sans encombre. Toujours la justesse de Delerm qui ramène son lecteur en terrain connu. Evidemment, beaucoup d’écrivains dans cette évocation et autant d’hommages qui donnent envie de poursuivre la lecture. Si PhilipeDelerm se lance dans une collection de destinations sans y aller, l’aviation civile et les agences de voyage ne vont pas lui dire : merci…

Hervé Debruyne

  • New York sans New York, Philippe Delerm, Éditions Le Seuil
  • photo : Hermance Triay