Le Moulin de l’Hydre devient une « fabrique théâtrale »

Un petit paradis ! Le Moulin de l’Hydre, nouveau lieu culturel à Saint-Pierre-d’Entremont, dans l’Orne, imaginé par Les Bernards-L’Hermite, s’ouvre au public samedi 10 septembre avec une programmation théâtrale et musicale de la compagnie Le K.

C’est dans cette ancienne filature du XIXe siècle que Le K a répété pendant deux semaines Le Nid de cendres. Les 17 comédiennes et comédiens, avec l’équipe technique, se sont retrouvés au premier étage de ce grand bâtiment en pierre pour préparer les six représentations données au festival d’Avignon en juillet 2022. Un lieu idéal, au milieu d’une campagne verdoyante, pour créer et jouer cette épopée théâtrale de 13 heures.

Le choix de cet endroit n’a pas été effectué par hasard. Sept d’entre eux Alice Delarue, accessoiriste, Simon Falguières, auteur, comédien, metteur en scène et fondateur du K, Léandre Gans, créateur lumière, Anastasia Kozlow, coordinatrice de projets culturels, Stéphane Maugeri, « M. Électricité », Arnault Philippe, régisseur lumière, et Louis de Villers, comédien, ont acquis en septembre 2021 ce beau site élevé entre une falaise de schiste, une rivière, le Noireau, et une forêt dense. 

Une utopie

Habitués des endroits alternatifs, ces compagnons de route en rêvaient depuis cinq ans. Avant de mener à bien ce projet, il fallait asseoir « une légitimité plus grande », estime Simon Falguières. Elle est là après diverses créations très remarquées. L’artiste, aux multiples talents, porte avec sa troupe un théâtre populaire et généreux. Comme le sera cette nouvelle aventure à Saint-Pierre-d’Entremont, dans l’Orne, dans la vieille usine Champeaux, baptisée justement le Moulin de l’Hydre. Elles et ils sont cette créature fantastique à sept têtes, réunies au sein de l’association Les Bernards-L’Hermite, avec cette utopie : avoir un lieu partagé pour le transformer en fabrique théâtrale. 

Et ce devait être en Normandie. Le K est en effet installé dans la région, y mène des actions culturelles et entretient des liens étroits avec les salles normandes. Le groupe qui voue sa vie au théâtre habite dans la maison, partage les tâches et participe à l’ensemble des travaux. « Le théâtre permet des expériences sublimes. Comme à Avignon. Mais il est possible de s’y brûler. La grande visibilité peut être rude. Alors pousser des pierres, penser à nourrir tout le monde permet de rester les pieds sur terre », confie Simon Falguières. Les journées sont très organisées. Sauf le dimanche, c’est quartier libre.

En autonomie

Le Moulin de l’Hydre sera un lieu d’accueil et de création pour les compagnies, une bibliothèque partagée. Il ouvrira à partir du printemps 2023 dans cette première partie de la filature. Les Bernards-L’Hermite ont réussi à consolider cet espace, couvert d’une nouvelle toiture. Dans l’ancienne usine, le projet est encore plus fou. Le rez-de-chaussée est devenu l’espace de stockage des décors des pièces et des équipements scéniques, le premier étage, avec un charme désuet, la salle de répétition, et le grenier, un fabuleux endroit pour rêver… Dans le projet, cette partie du Moulin sera transformée en une salle de spectacle avec une scène et un gril de charge. Avant cela, il faudra la débarrasser de toutes les grandes colonnes porteuses et les planchers

Si Les Bernards-L’Hermite veulent être autonomes au Moulin de L’Hydre, il n’est pas question de vivre replier sur soi-même. Le projet s’ancre dans ce territoire et avec sa population. Après cette année de travaux, l’équipe et la compagnie Le K proposent samedi 10 septembre une programmation théâtrale avec Le Petit Poucet, Ricardo et les ténèbres et les premiers chapitres du Nid de cendres. La soirée se poursuivra avec un concert de Potron Potron Lopez et un bal.