Fred Duval : « Renaissance est une série qui laisse une lueur d’espoir »

photo : DR

Renaissance, c’est l’histoire d’un sauvetage humanitaire à la taille de la planète entière. En 2086, tout ce qui devait arriver est… arrivé et l’humanité – et tout ce qui l’entoure – est en perdition. Des extraterrestres décident de nous sauver la mise. Et ce ne sera pas sans mal. Projet lancé il y a six ans, Renaissance, paru chez Dargaud, ferme la boutique. Après la sortie du tome 6, Les Ouröbörös, les auteurs, Fred Duval et Emem, passent à autre chose. Ils sont samedi 16 septembre en dédicace à Rouen. Retour avec le scénariste Fred Duval sur une BD d’anticipation qui souhaite bien du courage à la Terre. 

Le futur, c’est votre terrain de jeu. Qu’est-ce qui a changé dans votre approche ?

J’écris de la science-fiction depuis trente ans ; notamment avec Carmen Mc Callum et Travis. À l’époque, on était sur le thème du réseau global informatique. On en parlait mais on n’y avait pas accès encore. Et pour l’approche écologique, on était sur la prévention : « si on ne fait rien, ce sera la catastrophe ! ». Au début de la décennie 2010, je me suis dit qu’on avait changé de siècle et qu’il fallait que je construise autre chose pour les années à venir. Et là, je suis passé de la prévention à l’adaptation. Le réchauffement climatique, il est là. Il y a une nouvelle donne dans notre environnement. C’est trop tard pour prévenir. Il va falloir s’adapter.

Et donc, l’avenir est sombre…

Oui mais Renaissance est une série qui laisse une lueur d’espoir. Ce qui a changé aussi depuis trente ans, c’est que j’ai eu des enfants. Ça change les perceptions. Je pense avoir une écriture lucide. En tout cas, elle n’est pas pessimiste et sur le thème : « c’était mieux avant ». Mes « aliens » dans la série, ils avancent, ils s’adaptent et apprennent à composer.

Renaissance, une série d’action…

Il n’y a pas beaucoup de bagarres. On n’est plus dans la série B (du nom du label qui éditait Carmen et Travis chez Delcourt, ndlr). Il y a peu de scènes violentes, en réalité. La violence est davantage dans les propos. Je pense que j’exprime des choses plus complexes qu’avant. Par exemple, dans le premier cycle de Renaissance, on est sur le droit d’ingérence.

Avez-vous des personnages préférés dans cette saga ?

Evidemment, mes « aliens » Swänn et Sätie. Mais aussi Pablo que j’adore et qui fait partie de ces personnages faire-valoir ajoutés pour la contradiction ou pour leur candeur. Et petit à petit, il s’impose. J’aime bien Gary chez les Skwals. Et puis Helen et Lise, les deux femmes que tout oppose et qui se complètent.

Il y a un gros travail de Mathieu Ménage au dessin. Là aussi, le style évolue…

Pour moi, Mathieu est un des meilleurs dessinateurs réalistes aujourd’hui. Et son évolution est plutôt rapide. Si je dois le dater, ce serait sur le cycle Carmen de 13 à 16 (vers 2018, ndlr). Il a franchi un cap ; y compris dans la prise en mains des couleurs. Et nous travaillons en confiance. On rame toujours dans le même sens. C’est vraiment ce qu’il y a de mieux.

Il n’y aura pas de troisième cycle à Renaissance mais une nouvelle série qui lui est liée : Apogée.

Je crois qu’on a fait le tour de Renaissance. On a pu faire les six tomes qu’on voulait faire. Mais il est possible de revenir sur les personnages. Place à Apogée donc, qui ne nécessitera pas d’avoir lu Renaissance pour être comprise.

propos recueillis par Hervé Debruyne

Infos pratiques

  • Samedi 16 septembre de 10 heures à 18 heures place de La Pucelle à Rouen
  • Gratuit