“Carmen”, comme pendant la tournée de 1875

photo : Julien Benhamou

C’est un des opéras les plus connus. Carmen ouvre la saison lyrique de l’Opéra de Rouen Normandie. Mise en scène par Romain Gilbert et dirigée par Ben Glassberg, l’œuvre de Georges Bizet est à voir du 22 septembre au 3 octobre au Théâtre des Arts et samedi 30 septembre sur grand écran dans une quinzaine de lieux en Normandie.

C’est une œuvre qu’il connait « sur le bout des doigts ». Romain Gilbert a des souvenirs de Carmen dans « des versions radicales, modernes, souvent. Certaines avaient du sens, d’autres non ». L’opéra de Bizet, créé en 1875 à l’Opéra comique à Paris, fait partie des pièces lyriques les plus jouées dans le monde avec des airs inoubliables, devenus de véritables tubes, comme le célèbre L’Amour est un oiseau rebelle que chante Carmen.

L’Opéra de Rouen Normandie présente à partir de vendredi 22 septembre au Théâtre des Arts la version de Carmen de 1875. Il y a celle « créée à l’Opéra comique à Paris avec les parties chantées et parlées. À cette époque, pour que les pièces puissent voyager et connaissent un succès à l’étranger, on supprimait le texte. Les chanteurs non francophones pouvaient ainsi s’emparer de l’œuvre. Nous proposons la version de tournée », explique Romain Gilbert.

L’histoire est la même. Celle d’un meurtre dans une Espagne de la fin du XIXe siècle, à Séville. Don José assassine Carmen par jalousie. Le brigadier et la bohémienne, au tempérament volcanique, se croisent dans une manufacture de tabac. Carmen se dispute alors avec une autre cigarière. Don José l’interpelle et la jette en prison. Rusée, la jeune femme parvient à le séduire et le persuader de la libérer en lui donnant rendez-vous dans une taverne. Là, elle danse pour lui. Très vite, Don José devient jaloux et ne supporte pas de voir Carmen au bras de Escamillo quand le torero fait son entrée dans l’arène. Pas plus d’être face à une femme qui lui résiste et d’entendre un refus de sa part lorsqu’il lui demande de partir avec elle. Il commet l’irréparable.

« Dans les rails »

Dans les documents retrouvés et étudiés par le Palazzetto Bru Zane, sont indiqués les éléments de décors, de costumes et de mise en scène de 1875 avec « les déplacements de foules, les positions, les entrées… Le métier de metteur en scène n’existait pas. C’est le régisseur qui gérait les foules. On comptait ensuite sur les solistes pour qu’ils improvisent leur rôle tout en étant dans les codes de jeu de l’époque ». Dans ces écrits, il manque néanmoins « les intentions ». Pour le metteur en scène, déjà présent à Rouen pour la création de La Vie parisienne en novembre 2021, « 70 % du travail restait à faire. Je me suis mis dans les rails de cette version de 1875. Je suis aussi resté au plus proche de l’histoire et de sa véracité. Je n’ai pas voulu adoucir les personnages ». 

Alors Carmen est la Carmen de Mérimée, « une femme libre qui se joue de toutes les conventions sociales. Elle a une liberté de ton et d’action. Elle est libre quoi qu’il arrive. Elle suit ses envies. Elle sait qu’elle doit mourir, que son destin est scellé. Même si elle a toutes les cartes en main, elle ne va pas contre ce destin-là ».

Au personnage de Carmen, interprété par Deepa Johnny, s’oppose celui de Micaëla (Iulia Maria Dan), une paysanne brave, amoureuse de Don José. « Elle est le prolongement de sa mère », remarque Romain Gilbert. Don José (Thomas Atkins) est l’opposé d’Escamillo (Nicolas Courjal). Le premier est ombrageux et violent alors que le second se montre « plein de courage ». Tous évoluent dans une Séville lumineuse.

Infos pratiques

  • Vendredi 22 septembre à 20 heures, dimanche 24 septembre à 16 heures, mardi 26 et jeudi 28 septembre à 20 heures, samedi 30 septembre à 18 heures, mardi 3 octobre à 20 heures au Théâtre des Arts à Rouen
  • Durée : 3 heures
  • Tarifs : de 68 à 5 €
  • Réservation au 02 35 98 74 78 ou sur www.operaderouen.fr
  • Aller au spectacle en transport en commun avec le réseau Astuce