Une histoire du trousseau

Le trousseau de mariage, un marqueur social, a été une préoccupation des futures épouses. Le château de Martainville retrace son histoire lors d’une exposition qui se tient jusqu’au 14 janvier 2024. Elsa Duault y apporte son regard d’artiste contemporaine.

Les draps, les taies d’oreillers, les nappes, les serviettes, les torchons, les mouchoirs, aussi les coiffes, les bonnets, des chemises… Tout ce linge devait figurer dans le trousseau de mariage. Une tradition qui remonterait au XIVe siècle et qui est devenue incontournable au XIXe siècle. La constitution de ce paquet en incombait à la future épouse. Celle-ci devait le préparer avec l’aide de sa mère dès son plus jeune âge. Elle confectionnait les différents éléments à partir des métrages de tissus et le brodait de ses initiales. Tous les travaux d’aiguille étaient en parallèle enseignés à l’école. Ils ont même été obligatoires à partir de 1836.

En 2021, le château de Martainville a acquis deux trousseaux de mariage qu’il présente jusqu’au 14 janvier lors d’une exposition. « Le trousseau de mariage est un élément symbolique, commente Caroline Louet, directrice du musée. Plus on avance dans le temps, plus les objets se diversifient. Mais tout dépend des catégories sociales. Plus les familles sont riches, plus le trousseau est garni. En Normandie, l’armoire et le linge figurent dans le contrat de mariage ». L’ouverture des grands magasins au milieu du XIXe siècle bouleverse la tradition. Les familles les plus aisées y achètent le linge et le font broder par une couturière. Pour Caroline Louet, « le métier de couturière a permis l’émancipation des femmes. Elles ont pu gagner leur vie ».

Dans cette exposition, Elsa Duault propose un autre regard sur le trousseau. L’artiste normande travaille sur la filiation. « Nous sommes façonnés par nos familles, leurs histoires que l’on connaît ou pas. La transmission est très importante pour moi ». Elle mène ainsi un projet Mémoires et trousseaux, une part de l’héritage des femmes. Elle récupère régulièrement des draps. « Il y a en a un grand nombre à vendre sur les plateformes ». Elle collecte également des témoignages de femmes qui ont réalisé leur trousseau avant leur mariage.

Avec Elsa Duault, les morceaux de tissus teints et froissés deviennent des sculptures en forme de fleur. Chaque œuvre est un triptyque avec un texte évoquant l’histoire de la propriétaire du drap sculpté et la reproduction des initiales de la personne. Un lien permet enfin d’entendre l’échange entre l’artiste et les personnes rencontrées.

Infos pratiques

  • jusqu’au 14 janvier 2024, les lundi, mercredi, jeudi et vendredi, de 10 heures à 12h30 et de 14 heures à 17 heures, les samedi et dimanche de 14 heures à 17h30, au château de Martainville
  • Tarif : 5 €, gratuit pour les moins de 26 ans, les demandeurs d’emploi et pour tous le premier dimanche de chaque mois
  • Renseignements au 02 35 23 44 70 ou sur www.chateaudemartainville.fr