Stanley Menthor, Louise Phelipon, Antoine Cardin et Anatole Chartier sont quatre des seize jeunes danseuses et danseurs accompagnés par l’ACEAC, association, implantée à Rouen, pour la création et l’émergence dans les arts chorégraphiques, qui les soutient dans la structuration de leur projet artistique.
La création doit être soutenue. En particulier celle portée par des danseuses et danseurs, nouvellement diplômés. C’est une des missions que s’est fixée l’ACEAC, association pour la création et l’émergence dans les arts chorégraphiques, fondée à Rouen par Mathis Nour, interprète normand au sein du ballet de l’Opéra national du Rhin. Durant cette saison 2024-2025, dans le cadre de son programme Incubateur, cette structure accompagne seize jeunes dont Stanley Menthor, Louise Phelipon, Antoine Cardin et Anatole Chartier.
Ce sont quatre artistes aux parcours différents et avec de multiples envies. Stanley Menthor et Louise Phelipon se sont rencontrés au centre national de danse contemporaine à Angers. Le premier, passé par le théâtre et le chant, a choisi la danse pour « sortir d’un corps quotidien. Elle m’a façonné et fait maintenant partie de ma personnalité. Pour moi, la danse apporte une conscience de soi et ce qu’il y a autour de soi ». Venue du cirque et du hip-hop, Louise Phelipon aime « investir le plateau avec un langage pluriel. J’adore que l’on me parle et me raconte des histoires. Je ressens aussi un grand plaisir à voir un corps qui s’inscrit dans une forme hybride ».
Tout comme Antoine Cardin, formé au conservatoire national supérieur de musique et de danse à Lyon et à l’école supérieure des arts de Lorraine. « J’aime le mélange de danse, de théâtre, du masque… Mais la danse reste quelque chose de viscéral, un langage abstrait qui résonne fort en moi ». Il a quitté le centre chorégraphique national-ballet de Lorraine pour partir sur les routes, plus précisément sur le GR 34 ou le sentiers des douaniers, longeant les côtés bretonnes. « C’était un moment de danse, de poésie et de dessin contre un repas et un hébergement ». Quant à Anatole Chartier, il a un parcours singulier puisqu’il est diplômé de l’école des Beaux-Arts de Poitiers. Le plasticien a un goût prononcé pour l’expérimentation.
Une démarche politique
L’ACEAC a repéré les projets de ces quatre artistes. L’amitié entre Stanley Menthor et Louise Phelipon les a amenés à élaborer diverses formes, comme une comédie musicale, La Communauté du cœur ou encore La Contre-Cabane, une installation qui devient un lieu de médiation pour recueillir les paroles du public après un spectacle. Pour Antoine Cardin et Anatole Chartier, leur conscience écologique et leurs inquiétudes face aux bouleversements climatiques influencent leurs créations. Le premier s’est inspiré des aventures de Pinocchio, « une personnalité à la fois humaine et végétale. Quand il entre dans la société humaine, il se rend compte de tous ses problèmes. Celle-ci ne se soucie que d’elle-même et non des espèces qui la constituent. Pinocchio va alors révéler la colère de la forêt qui veut protéger la faune et la flore. Deux personnages, Écorce et Épine, vont porter cette parole ».
Anatole Chartier a imaginé un projet dans lequel s’invite la danse. « Mon travail se situe autour d’objets fédérateurs pour rassurer. Parce que c’est terrifiant ce qui nous attend. On ne peut éviter le réchauffement climatique et ce n’est pas évident de faire avec ». Nous grandirons sur nos ruines est tel un rituel avec trois performeurs et performeuses, vêtus d’une combinaison d’alcôves et d’épines, évoluant sous une pluie de sable.
Ces quatre jeunes artistes inscrivent leur art dans une démarche politique. « La culture est un service public et nous le revendiquons, estiment Stanley Menthor et Louise Phelipon. Nous travaillons pour et avec la société. Nous voulons aller sur le terrain, rencontrer les gens pour partager des idées ». Même remarque de la part d’Anatole Chartier qui souhaite « inclure le public dans les créations qui sont des points de ralliement où l’on peut se raconter des histoires. Je veux partager des messages lumineux ». Pour Antoine Cardin, aussi, « l’art est politique. Comme la danse. Surtout aujourd’hui en raison des injonctions au corps très fortes. Elle permet une meilleure mise en commun ».
Ravis d’être soutenus par l’ACEAC, Stanley Menthor, Louise Phelipon, Antoine Cardin et Anatole Chartier trouvent là un chemin de traverse pour entrer dans une dynamique de création et de diffusion. Ce qui devient désormais un véritable combat.