Le cinéma islandais ne s’exporte pas souvent jusqu’en France alors quand un film comme When The Light Breaks nous est proposé, autant ne pas le rater. D’ailleurs il a fait l’ouverture de la section Un certain regard au dernier festival de Cannes et sort dans les salles mercredi 19 février.
Dans When The Light Breaks, Rúnar Rúnarsson nous invite à partager une journée particulière d’une jeune étudiante en art. Nous faisons la connaissance de Una (Elín Hall, d’une émouvante justesse) dans les bras de son petit ami, assistant à un coucher de soleil éblouissant. Le lendemain matin, elle ne le verra pas partir mais qu’importe, Diddi (Baldur Einarsson) est censé rejoindre Klara (Katla Njálsdóttir), son ex, pour lui annoncer la fin de leur relation. Une séparation riche de la promesse d’un avenir ensemble.
Romantique à souhait, l’entrée en matière du film le rend limpide, doux, lumineux : ces deux-là sont faits l’un pour l’autre, on ne veut que leur bonheur. Et puis la vie reprend le dessus, brutale, douloureuse : Diddi n’est pas arrivé au bout du voyage. Comme de nombreux Islandais, il est mort dans l’explosion d’un tunnel.
Un chagrin silencieux
À travers le drame intime — et secret — vécu par Una, Rúnar Rúnarsson s’intéresse aux conséquences d’un deuil national. Il filme les gens en empathie les uns pour les autres, partageant leur peine, proposant leur aide. Ce mouvement de solidarité instantané aggrave le sentiment de solitude qu’éprouve Una pourtant rapidement entourée des amis communs, et même par Klara qui ne sait rien de l’infidélité de Diddi. Aux yeux de tous, c’est elle qui a perdu un amour, c’est elle qui a le droit de le pleurer, c’est vers elle que va la compassion.
Le spectateur assiste, impuissant, au chagrin silencieux d’une jeune fille sensible dont on admire le courage et la discrétion. On se réjouit de l’évolution de la relation entre les deux jeunes femmes. Le film se termine comme il a commencé, sur les images d’un paisible coucher de soleil, Rúnar Rúnarsson ayant pris soin, tout au long de ce When The Light Breaks, de nous dévoiler la beauté sauvage de son pays magnifiée par la poésie et la musique cristalline.
- When The Light Breaks de Rúnar Rúnarsson (Islande, 1h20) avec Elín Hall, Mikael Kaaber, Katla Njálsdóttir…